Quand on entend pour la première fois « crush », ce petit mot qui claque, on est d’autant plus intrigué que les jeunes qui l’utilisent peinent à le définir. Est-ce un coup de foudre ? Un flirt ? Non : le crush ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Et pour comprendre cette nouvelle façon de dire l’amour, quoi de mieux que de donner la parole aux premières et premiers concernés ?
Dans « Crush.Fragments du nouveau discours amoureux », publié en mars 2024 aux éditions Flammarion, la sociologue Christine Détrez s’appuie sur des entretiens avec des jeunes de 13 à 25 ans pour disséquer ce phénomène contemporain. Le crush est à la fois une rêverie légère et une obsession, le prétexte à des enquêtes sur les réseaux sociaux et un sujet inépuisable de conversation entre amies et amis, comme le raconte l’extrait ci-dessous.
Mais Myra, vraie jeune fille de 15 ans, insiste auprès de moi sur l’importance qu’il y avait à avoir un crush quand elle était collégienne, véritable accessoire de l’adolescente « dans le coup » : « C’était comme avoir les cheveux lisses, aller chez Jennyfer, acheter les vêtements à la mode, commencer à se maquiller. » Et quand enfin elle s’est persuadée qu’elle était en crush, elle se souvient s’être précipitée vers ses copines, et s’être exclamée « j’ai enfin un crush ! » Le crush, et c’est peut-être une différence avec le béguin, n’est pas qu’un sentiment : il est aussi une pratique culturelle.
Le crush, objet de conversations
Béguin, « date », coup de cœur, crush, flirt ? Un des points communs du crush et du flirt tel qu’il a été popularisé dans les années 1960 est son importance dans le groupe : comme le disait Éléonore, le crush, on en discute entre copines – davantage qu’entre copains. Alexis, à 16 ans, se dit « plutôt timide là-dessus » et trop « pudique sur ses sentiments » pour en parler…
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Auteur: Christine Détrez, Professeure de sociologie, ENS de Lyon