Il y a un an, nous avions souhaité répondre à une tribune du sénateur de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi, publiée par Le Monde [1]. En diffusant notre réplique sur un blog de Mediapart, nous estimions que cette tribune « recycle les inepties que les partisans de « Mayotte française » répètent depuis des décennies ». Cette réponse collective était destinée à être publiée sur le site du Monde qui, en dépit de son combat affiché contre les fake news, n’avait pas jugé utile de la publier.
La tribune en question, émanant d’un sénateur d’ordinaire plutôt mesuré, procède à une réécriture de l’Histoire très répandue – bien au-delà des « collectifs de citoyens mahorais » – dont l’objectif est l’exclusion des personnes qu’ils qualifient de « comoriennes ». En témoigne un rapport remis en juillet 2018 à la commission des lois de l’Assemblée nationale [2] qui reprend plus succinctement des propos analogues à ceux du sénateur.
Parce que la réécriture de l’Histoire, quel que soit le territoire concerné, n’est jamais anodine, nous avons souhaité publier à nouveau notre réponse au sénateur, avec de légères modifications.
Chaque crise que traverse l’île de Mayotte charrie son lot de contre-vérités
La tribune de Thani Mohamed Soilihi, publiée en mars 2018, s’inscrivait dans le cadre du « soulèvement populaire, observé actuellement au sein du 101e département de Mayotte, [qui] relance le sempiternel débat sur l’appartenance de cette île à la France, différend qui l’oppose à l’Union des Comores depuis des décennies ».
Il est vrai que les partisans de « Mayotte française » ont, en la matière, acquis une véritable expertise – eux qui clamaient déjà il y a quarante ans, au moment où se jouait l’avenir de leur île, que les Mahorais n’avaient rien à voir avec les autres habitants de l’archipel des Comores, allant…
Auteur: Rémi Carayol, Marie Duflo, Lisa Giachino, Isabelle Mohamed, Mohamed Nabhane