Le dérangeur. Extraits du livre du Collectif Piment

Collectif Piment, Le dérangeur. Petit lexique en voie de décolonisation, Marseille, Hors d’atteinte, 2020.

 Avant-propos

« Idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les “races” ; un comportement inspiré par cette idéologie » ; « attitude d’hostilité systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes : racisme anti-jeunes ».

Ces deux définitions sont celles que le Larousse donne au mot « racisme ». La première place le mot « race » entre des guillemets pour signifier que son usage pose problème ; cependant, elle ne nous donne pas d’indications sur l’origine de cette idéologie, ses finalités attendues, et encore moins ses auteurs et ses partisans. Ce qu’on en tire est que le racisme concerne n’importe quel individu pour qui les êtres humains seraient inégaux. Le blanc se considérant comme supérieur à un Noir serait raciste, le Noir qui penserait la même chose d’un blanc aussi. Quant à la deuxième définition, elle est encore plus nébuleuse que la première, transformant le racisme en un phénomène qui pourrait affecter toutes les catégories de personnes. L’exemple le plus pertinent pour les rédacteurs du Larousse en est « le racisme anti-jeunes ». En poussant cette logique jusqu’au bout, discriminer les femmes ne relèverait pas du sexisme, mais du racisme anti-femmes ; et les marxistes seraient des racistes anticapitalistes.

Le problème de ces définitions est qu’elles peuvent être utilisées comme référence, comme point final et indiscutable d’une argumentation. Un dictionnaire a le pouvoir de définir des concepts hors du champ d’expertise des auteurs lexicographes sans que leur objectivité ne soit interrogée. À travers les définitions, leur voix résonne plus fort que celle de ceux qui vivent le racisme, des chercheurs et des…

Auteur : redaction
La suite est à lire sur : www.contretemps.eu