Le deuxième corps. Extrait du livre de Karen Messing

Dans son livre Le deuxième corps. Femmes au travail, de la honte à la solidarité (éd. Écosociétés, 2021, traduit de l’anglais par Geneviève Boulanger), Karen Messing revient sur plusieurs décennies de recherches et de débats sur la santé des femmes au travail rémunéré. À partir des recherches qu’elle a menées auprès et avec des travailleuses de secteurs très divers (entretien paysager, techniciennes des télécommunications, soignantes…), elle met en lumière l’inadéquation des conditions de travail et des mesures de prévention des risques professionnels.

Il s’agit non seulement de remettre en cause le modèle implicite de travailleur, toujours pensé comme un homme grand et fort, mais aussi de prendre en compte les rapports de pouvoir dans le milieu professionnel, en particulier la domination des hommes (les chefs mais aussi les collègues) sur les femmes.

Trouver des pistes de solution

À mon avis, les féministes qui mettent l’accent sur la « ressemblance » ont raison de soutenir que les femmes et les hommes ne sont pas des créatures issues de deux espèces différentes et que leurs particularités cognitives, physiques et émotionnelles forment un vaste éventail de traits où les frontières entre les sexes sont aussi floues que variables.

Je suis également d’accord avec d’autres scientifiques féministes comme Anne Fausto-Sterling et Jeanne Mager Stellman pour affirmer que les différences biologiques ne sont pas uniquement déterminées par le code génétique, mais aussi par le conditionnement, les expériences et les inégalités de genre en matière d’alimentation, d’exercice physique, de normes esthétiques, d’emploi du temps et de bien d’autres facteurs. Je respecte les conclusions de Ruth Hubbard et d’Anne Fausto-Sterling qui affirment que de nombreuses personnes possédant un caryotype XX ou XY ne peuvent être clairement définies d’un point de vue biologique comme appartenant exclusivement à un sexe ou à l’autre.

Par conséquent, il me semble légitime d’affirmer que le sexe génétique ou même l’identité de genre ne devrait pas déterminer la répartition des tâches et des emplois sur le marché du travail. Comme les féministes qui insistent sur la « différence », cependant, je crois que certains traits physiologiques sexués contribuent effectivement à distinguer la plupart des personnes s’identifiant comme des « femmes » de la plupart des personnes se définissant comme des « hommes » et que ces différences peuvent jouer un rôle dans la protection de…

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Auteur: redaction