Le discours sur les sexualités, ou le piège poutinien tendu à l’Occident

Nous avons, tous les humains, besoin de simplicité. La vie sinon ne serait pas vivable. Le besoin d’une vie dont nous maîtrisons les rouages, cohérente, transparente est un besoin fondamental, irréductible, légitime. Ce besoin devient plus que délétère quand il vire au simplisme. C’est-à-dire quand nous voulons croire que le monde ne pourrait être que simple. Or, ce n’est jamais le cas. Et si l’un déborde l’autre, c’est plutôt la complexité que la simplicité : la vie est complexe, nous ne le savons que trop. La vie est pleine d’incertitudes, de contradictions, d’obscurités…

Le simplisme est dangereux à tous niveaux, celui de nos vies personnelles comme professionnelles et politiques. Camus l’a particulièrement bien montré dans L’homme révolté : la recherche de « solutions » mondiales, définitives et qui feraient table rase du passé conduit inévitablement à des comportements terroristes. Qu’ils soient ceux des États, ou désormais de tout un chacun.

Le problème s’aggrave du fait que la vie politique est inévitablement, d’une manière ou d’une autre, simpliste : on ne fait pas des dissertes de philo à soixante-dix millions de personnes. Loin de défalquer les dirigeants politiques de la responsabilité de leurs actions, cette difficulté inhérente à la vie politique l’accentue.

Yin et Yang

Qu’il faille sans relâche lutter contre les archaïsmes des relations de domination entre les sexes est désormais indéniable. La lutte est fondamentale, nécessaire, et doit être menée sur tous les plans. Que cette lutte vire au simplisme, faisant de tous les hommes de sexe mâle des violeurs en puissance, des harceleurs, des dominateurs sans cœur ni écoute est radicalement délétère. Radicalement pour les raisons suivantes.

Vouloir fantasmatiquement éliminer une sexualité par rapport à l’autre – c’est le cas des féminismes extrêmes – revient à rêver de supprimer notre humanité, faite d’un irréductible complexe de masculin et de féminin. À titre d’exemple, et il est tout sauf secondaire, s’il y a déséquilibre au sens clinique entre yin – féminin – et yang – masculin – au sens du taoïsme ancien, c’est la maladie voire la mort.

Que nous nous reproduisions par les voies naturelles ou en étant secondés par les technologies (PMA, etc.), nous sommes, jusqu’à nouvel ordre biotechnologique, faits de gamètes femelles et mâles. Autrement dit, que l’on soit femme ou homme, l’on porte en soi les deux sexualités de l’humain, la féminine et la masculine. Réduire un homme au « masculin » et une femme au « féminin » est simpliste. Quel que soit son sexe anatomique, chaque individu est l’épreuve de la rencontre complexe, en soi-même, du féminin et du masculin.

Depuis le mois de février, la guerre est à nos portes, il est vital que nous ne menions pas une guerre intérieure. Or, la guerre intérieure la plus…

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Auteur: Laurent Bibard, Professeur en management, titulaire de la chaire Edgar Morin de la complexité, ESSEC