Le droit aux sottises

Paul Klee. — « Maske ”dummes Mädchen” » (Masque « jeune idiote »), 1928.

Alors que la sottise prospère sur Internet sans frein même pour les actes interdits par la loi tels que l’incitation à la violence, à la haine, la diffamation et l’injure, il paraît paradoxal de revendiquer un droit aux sottises. À l’impunité du grand nombre répondent en effet des procédures judiciaires s’attaquant pêle-mêle aux lanceurs d’alerte, qu’ils formulent des critiques documentées ou de simples broutilles — voire des sottises. On comprend dès lors que la substance importe moins que la personne des auteurs. Certes, dira-t-on, les tribunaux peuvent punir les « recours abusifs ». Mais ce n’est pas le principal problème.

Car ce qu’on appelle les procédures-bâillons visent souvent moins à faire condamner quelqu’un en particulier qu’à faire un exemple ; à formuler une sorte d’avertissement pour un ensemble de cibles réelles et potentielles. Voilà ce qu’il vous coûtera de dire ceci ou cela ! Des ennuis, des frais et une éventuelle condamnation. Les procédures-bâillons étaient surtout l’affaire des puissants et des riches qui cherchaient à contraindre au silence leur critique. La méthode, aujourd’hui, se banalise. Son aire d’intervention s’étend dangereusement. Jusqu’à viser des propos sots — qui n’ont pas été forcément ceux d’un sot.

Lire aussi Marc Laimé, «  Fusion Veolia-Suez : guérilla juridique et intimidation de la critique », Le Monde diplomatique, 18 décembre 2020.

L’affaire qui nous intéresse ici concerne une professeure de droit à l’université d’Aix-en-Provence qui a risqué une image pour caractériser la position de l’islam et du judaïsme sur la question de la transmission de la religion. Dans le cadre d’un cours sur les conflits de lois de master 2, elle aurait expliqué que l’islam et le judaïsme seraient des…

Auteur: Alain Garrigou
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