Le droit et le tordu – Lettre ouverte à Eyal Sivan

Tu as depuis longtemps pris position, au sujet de la situation israélo-palestinienne, pour « un Etat commun du Jourdain à la mer », et c’est une vision que j’ai partagée avec toi, du moins que j’ai cru, un temps, partager avec toi.

Je pense en effet que l’avenir israélo-palestinien, c’est une construction égalitaire judéo-palestinienne du Jourdain à la mer. Et cette pensée, ou vision, qui est mienne, je l’ai exposée dans plusieurs écrits.

Une telle vision rencontre de facto la question de l’Etat. Cela ne signifie pas que nous devions penser et agir dans l’horizon exclusif de l’Etat mais que, depuis un « en dehors » de l’Etat, nous prenons position au sujet de l’Etat, favorisant les formes de transition vers un idéal qui est celui de son dépérissement.

C’est ainsi par exemple qu’avec Eric Hazan tu as écrit un livre intitulé Un Etat commun du Jourdain à la mer (La Fabrique, 2013) : cela ne signifiait pas que ta conception de la politique est sous condition de l’Etat, mais que tu prenais position sur la question de l’Etat telle qu’elle se pose dans la situation israélo-palestinienne, favorisant la forme étatique que tu juges préférable, en vue, donc, de cet idéal révolutionnaire qui est le dépérissement de l’Etat.

Dans cette perspective, que nous partageons, une question s’est toutefois posée qui, apparemment, nous oppose.

Le projet d’un Etat commun exige en effet de prendre position sur la question du « droit au retour » des uns et des autres, c’est-à-dire des Juifs et des Palestiniens qui se trouvent dispersés dans le monde. Et formellement, la question appelle quatre réponses possibles : a) un Etat commun ouvert par principe aux Juifs et aux Palestiniens, aux Palestiniens et aux Juifs, d’où qu’ils viennent ; b) un Etat commun qui n’est par principe ouvert ni aux Juifs ni aux Palestiniens, ni aux Palestiniens ni aux Juifs, d’où qu’ils viennent ; c) un Etat…

Auteur: lundimatin
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