Le fiasco judiciaire de l’affaire Mannechez, ou le mythe de « l’inceste heureux »

C’est l’histoire d’un inceste et d’une justice aveugle. Celle d’une femme assassinée par son père et d’un fils orphelin. Celle de Betty Mannechez, sœur et victime, femme brisée à jamais.
Betty, 37 ans, avait une grande sœur, Virginie. À la maison, les violences physiques et l’ « ambiance sectaire » commencent dès l’enfance.

À la puberté, les parents violent presque quotidiennement leurs deux filles. Betty subira trois interruptions volontaires de grossesse (IVG) pendant l’adolescence, sans que les médecins et psychologues ne s’en inquiètent. Puis elle prendra la fuite, avant de porter plainte en 2002. Son livre, Ce n’était pas de l’amour (City éditions), paru en mars 2021 et co-écrit avec Julien Mignot, retrace les violences qu’elle a subies, le combat pour en sortir, les années de fiasco judiciaire, un traitement médiatique accablant et un double homicide en guise de terrible conclusion.

« Les avocats nous ont convaincu d’affirmer que nous étions demandeuses de relations sexuelles avec notre père »

La plainte de Betty contre ses parents aboutit à un premier procès aux assises en 2011, soit 9 ans après qu’elle a été déposée. Et c’est le père, défendu par Maître Hubert Delarue, qui choisit l’avocat de ses filles, explique l’autrice. Ce sera Éric Dupond-Moretti, qui ne prendra en charge la défense de Betty et Virginie que 8 mois avant le début du procès. Les sœurs, encore manipulées par leur père, acceptent de dire ce qu’il a besoin d’entendre pour sa défense : elles étaient consentantes et n’ont jamais été violées. « Les avocats nous ont convaincues d’affirmer que nous étions amoureuses de notre père et demandeuses de relations sexuelles avec lui », affirme aujourd’hui Betty Mannechez. Et il est aisé de persuader des victimes d’inceste d’adopter ce discours, constate-t-elle : « On est prisonnier tout le temps. On est bloqué par la terreur, mais on est aussi bloqué par un amour d’enfant. » D’autant que les plaignantes sont très impressionnées par leur avocat, véritable figure médiatique [aujourd’hui garde des Sceaux et ministre de la Justice, NDLR]. Dans la salle d’audience, Eric Dupond-Moretti en profite même pour dédicacer son livre Directs du droit à Virginie, qui réagit alors « comme une petite fille, une fan ».

C’est là qu’un deuxième enfer commence. Betty Mannechez revient sur cette maltraitance psychologique qui leur a également porté préjudice sur le plan judiciaire. « Pendant trois jours, quand on…

La suite est à lire sur: www.lemediatv.fr
Auteur: Le Média