Le fil gramscien d’André Tosel

Un recueil de textes d’André Tosel intitulé Le fil de Gramsci. Politique et philosophie de la praxis a paru en novembre dernier aux éditions Amsterdam, dans une édition préparée et préfacée par Vincent Charbonnier. Cet ouvrage représente une contribution importante à une bibliographie française consacrée au révolutionnaire italien qui ne cesse de s’étoffer – signalons notamment l’ouvrage collectif coordonné par Yohann Douet paru en 2021 aux Editions sociales – mais qui reste pauvre en monographies.

On peut penser que ce manque reflète et reproduit tout à la fois le statut paradoxal, certainement unique pour le dirigeant communiste et théoricien marxiste qu’il fut, qui est le sien aujourd’hui, en particulier en France, celui d’un auteur immensément plus cité que véritablement lu, objet d’appropriations en tout genre et couvrant la quasi-totalité du spectre intellectuel et politique. 

Ce recueil offre un aperçu du travail qu’André Tosel a mené sur Gramsci, dont il fut en France le spécialiste incontesté, tout au long de sa vie et qui a abouti à son ouvrage-somme Etudier Gramsci. Pour une critique continue de la révolution passive capitaliste (Paris, Kimé, 2016), paru peu avant son décès, le 14 mars 2017. Nous publions à cette occasion, avec l’aimable autorisation de l’éditeur, un extrait de l’ étude de Vincent Charbonnier qui sert de préface à l’ouvrage. 

Quoique Antonio Gramsci (1891-1937) soit devenu une véritable figure de la pensée internationale et que les études consacrées aux Cahiers de prison ne cessent de s’accumuler, surtout en Italie et dans le monde anglophone – composant une bibliothèque en permanente expansion, la pensée du co-fondateur du Parti communiste d’Italie demeure affectée, en France tout particulièrement, d’une « célébrité restrictive ». Nonobstant les nombreux travaux qui lui ont été consacrés, et dont certains demeurent encore aujourd’hui des références[1], Gramsci demeure toujours « ce célèbre inconnu » qu’il faut « libérer de la prison de l’ignorance où il croupit », écrit André Tosel (1941-2017) en ouverture de son dernier livre anthume, Étudier Gramsci[2].

Cette requête est d’autant plus fondée qu’il s’agit en même temps d’une invitation à effectivement étudier Gramsci et que Tosel a consacré une part essentielle de son activité intellectuelle et militante à travailler (sur) l’élaboration du penseur sarde. De ce point de vue, ce travail sur Gramsci constitue un…

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Auteur: redaction