Le futur réacteur nucléaire Iter : un projet titanesque et énergivore

Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône), reportage

À Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, plusieurs milliers de personnes s’activent sur l’un des plus grands chantiers du monde. Le complexe où nous entrons avec notre guide, qui abritera le futur réacteur de fusion nucléaire Iter (« International Thermonuclear Experimental Reactor »), pèse 440 000 tonnes, soit plus de quarante tours Eiffel. Des hommes en casque de chantier — « casques rouges pour les chefs, blancs pour les ouvriers », explique la guide — tous également minuscules dans cet espace, contemplent une colossale pièce métallique de 440 tonnes. Elle a été expédiée de Chine par bateau, acheminée depuis Fos-sur-Mer sur une barge spécialement construite sur l’étang de Berre, puis transportée par convoi nocturne sur 104 kilomètres de route fortifiée à bord d’un camion géant doté de 352 roues.

Si des membres d’une peuplade inconnue arrivaient à Iter et observaient les ressources titanesques mobilisées pour ce chantier, ils en concluraient probablement que l’on construit ici un temple destiné à l’adoration d’un dieu. Ils n’auraient peut-être pas tort. Le nom de cette divinité s’affiche en grosses lettres en première page du site internet de l’Organisation Iter : « Une énergie inépuisable. »

Page d’accueil de l’Organisation Iter. Capture d’écran/Iter.org

Les centrales nucléaires construites à partir des années 1960 promettaient déjà d’exaucer cette prière, mais au moyen de la fission : déclencher une réaction en chaîne libérant des neutrons en cassant des noyaux d’uranium. Mais à Iter, on vous le dit tout net : la fission nucléaire est une impasse. Il faut extraire l’uranium pour alimenter les réacteurs, gérer des dizaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs pour des milliers d’années, et maîtriser la réaction en chaîne qui, faute de refroidissement, s’emballe, comme à Fukushima. « On ne veut plus de tout ça », tranche Joëlle Elbez-Uzan, responsable de la sûreté et de l’environnement à Iter.

Avec la fusion nucléaire, nous assure-t-on, tous ces problèmes seraient surmontés : très peu de combustible, très peu de déchets, aucun risque d’emballement. Avec du deutérium (extrait de l’eau de mer) et seulement quelques kilos de tritium radioactif, chauffés à entre 150 et 200 millions de degrés Celsius (dix fois la température du centre du soleil), on peut créer un plasma résultant de la fusion des atomes et produire une énorme chaleur. « La…

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Auteur: Celia Izoard Reporterre