Il était facile d’opposer Le gang des Bois du Temple à la dernière Palme d’or : pour L’Humanité, c’est « une anatomie d’une chute « sans cinoche » » . Rabah Ameur-Zaïmeche nous propose en effet l’« anatomie » d’une bande de lascars dans une cité : cela nous ouvre plus au monde réel et aux problèmes de la société actuelle que les avanies d’un couple d’intellos conçues pour le Festival de Cannes. La presse est le plus souvent élogieuse (une des seules exceptions : Le Figaro) à l’égard du film de RAZ ; il est certes surprenant, à la fois humain, poétique, mais aussi hétérogène, et on peut s’interroger sur certains aspects, religieux et politiques.
Ce n’est pas un film d’action qu’a voulu faire RAZ : le braquage lui-même, l’enquête par un détective privé, et le dénouement sanglant sont rapidement expédiés, presque résumés, en opposition à des séquences, qu’on pourrait considérer comme des temps morts, ou de flottement, qui sont, elles, filmées avec lenteur, et développées. RAZ prend plaisir à faire sentir l’atmosphère conviviale d’une cité, le vivre ensemble au quotidien d’habitants solidaires, unis par leurs conditions de vie en marge de la ville, et un avenir bloqué ; il y a une très jolie scène, pleine d’humour, où les lascars, prudents après la réussite de leur coup, dépensent modestement leurs gains en sachets de graines pour nourrir les pigeons. Mais leur tentative pour échapper à l’impasse de la cité tournera vite mal : ce sera « la chute cruelle d’une utopie politique » (Culturopoing).
Mais les aventures des lascars sont encadrées par deux séquences dont le protagoniste est un certain Monsieur Pons, qui se veut anodin (il est surtout connu dans la cité par sa mère qui offrait des crêpes aux gamins), mais qui est en fait très mystérieux.
Le film s’ouvre sur la mort de sa mère, et on suit la messe funèbre, filmée très longuement et de…
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Auteur: Rosa Llorens