« Le gaz et le nucléaire ne sont pas des énergies vertes »

Neil Makaroff suit les politiques européennes au sein du Réseau Action Climat (RAC).


Reporterre — Qu’est-ce que la taxonomie verte, à quoi servira-t-elle ?

Neil Makaroff — Il s’agit de déterminer les activités économiques, et notamment les énergies, qui sont favorables pour le climat. Cette classification fera un peu office de label vert : une activité estampillée comme vertueuse par cette taxonomie pourra toucher des financements dédiés à la transition écologique. Plus d’un tiers du plan de relance européen — 37 % — doit être fléché vers la transition… donc vers des filières « labellisées » vertes. Cela concerne aussi les subventions des États membres, les prêts de la Banque européenne d’investissement, ou des investissements privés. La taxonomie est donc un outil important, avec des enjeux financiers très forts. C’est pourquoi certaines industries — le gaz et le nucléaire en premier lieu — ont très fortement poussé pour être intégrées à la taxonomie.

Au départ, elle a été élaborée à partir de critères scientifiques et objectifs — ni le nucléaire ni le gaz n’en faisaient partie. Sauf que le politique s’en est mêlé et chaque État a voulu pousser ses propres intérêts. Toute une première partie de la taxonomie a été adoptée en fin d’année dernière — classant comme « vertes » les énergies renouvelables, la rénovation des bâtiments, l’efficacité énergétique dans l’industrie, etc. Mais la question du nucléaire et du gaz a été laissée de côté, car trop polémique.

La Commission européenne a finalement décidé, le 31 décembre dernier, que le nucléaire et le gaz seraient considérés comme des « énergies de transition ». Quelles conséquences cela pourrait-il avoir ?

L’industrie nucléaire et le gaz fossile n’ont pas été classés comme énergies « vertes », mais bien comme « énergies de transition ». Ce qui signifie que les critères seront revus tous les cinq ans, et que l’obtention du « label » est soumise à des conditions. Les projets gaziers avec des permis délivrés jusqu’en 2030 seraient également éligibles, à condition qu’ils émettent moins de 270g CO2e/kWh — ce qui correspond à des centrales plutôt performantes. Les projets nucléaires construits d’ici 2045 pourraient être labellisés s’ils prévoient des plans de gestion des déchets radioactifs et de démantèlement.

Pourquoi le gaz et le nucléaire ne doivent pas être intégrés à la taxonomie ?

Ce ne sont pas des énergies…

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre