Le génocide des « Nomades » : Figures du déni

Un sort à part réservé à des « indésirables » ou un génocide ? Tel est l’enjeu du débat autour du futur musée-mémorial du camp des « Nomades » de Montreuil-Bellay. Ce camp français fut l’une des étapes du génocide des Roms, Sinti, Manouches, Gitans, Yéniches et Voyageurs pendant la Seconde Guerre mondiale – telle est l’idée directrice de cet article de Lise Foisneau paru dans la revue d’anthropologie L’Homme, que nous republions cette semaine.

« On a voulu nous exterminer, on a voulu nous rayer de la carte »
Léon Alfred Wenterstein, ancien interné du camp de concentration de Montreuil-Bellay.

Il y a des luttes qui passent inaperçues alors même qu’elles ne sont ni occultées, ni refoulées, ni oubliées. Ce sont des batailles invisibles. La qualification des persécutions à l’encontre des collectifs romani et voyageurs pendant la Seconde Guerre mondiale en France est l’une d’entre elles.

Il ne sera pas ici question de l’absence de reconnaissance par l’État du « génocide des Tsiganes », laquelle n’a jamais eu lieu, mais de la saisie, par les historiens, de l’intention génocidaire qui sous-tend et anime la persécution des « Nomades » en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Disons-le d’emblée, cette bataille invisible n’est pas sémantique. Le refus de qualifier de « génocide » les mesures anti-nomades appliquées sur le territoire français a eu et a encore des conséquences très concrètes sur la vie des survivants et de leurs descendants : parmi elles, l’absence de réparation matérielle et symbolique, le maintien du monde du voyage dans un régime de ségrégation territoriale et administrative, une mise sous tutelle étatique de citoyens français au prétexte qu’ils auraient un « mode de vie » diffèrent et un paternalisme associatif empêchant l’émergence d’un front de lutte uni de Voyageurs.

Il faut souligner que ce combat d’ordre…

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Auteur: dev