Le golf au Kenya : un attribut d’une bourgeoisie mondiale imaginée

Dans son ouvrage récent Faire partie du club, élites et pouvoir au Kenya (CNRS Editions : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/sciences-politiques-et-sociologie/faire-partie-du-club/) , le politiste Dominique Connan examine la trajectoire postcoloniale d’une institution issue de l’empire britannique, le club. Dans les années qui ont suivi l’indépendance, et par la pratique du golf notamment, ils ont été pour les élites africaines les lieux d’une revanche sur la domination coloniale. Aujourd’hui, les clubs jouent un rôle important dans le quotidien des élites kényanes, grands patrons ou hommes politiques. Pour les plus jeunes, managers ou membres des professions libérales, l’appartenance à un club témoigne de la force d’attraction du golf comme d’une pratique qui atteste de la réussite sociale et matérielle, mais qui n’est atteignable qu’à condition de mettre à distance le reste de la société. Mais davantage qu’une étude sur le sécessionnisme des plus riches, le livre montre les contradictions d’une telle entreprise : les clubs sont en effet des lieux clivés, selon des lignes raciales, ethniques, générationnelles ou de sexe. Derrière une façade prestigieuse, ils donnent ainsi à voir une sociabilité violente et parfois impossible, celle d’un groupe qui peine à faire valoir ses intérêts de classe et à se réaliser comme tel. Il n’y parvient qu’au prix de multiples règles et d’une bureaucratie abondante, moyens d’une unité fragile et sans cesse questionnée.

Dominique Connan, Faire partie du club. Élites et pouvoir au Kenya, CNRS Editions, 2024, 320 p., 25 euros

Le passage qui suit, extrait du second chapitre, décrit un samedi après-midi au Vet Lab Golf Club, dans la banlieue de Nairobi. Un petit groupe d’hommes, qui se sont connus au Rotary Club, discutent en terrasse après avoir joué une partie. Au fil de leur conversation se dessine un imaginaire de la réussite…

La suite est à lire sur: www.contretemps.eu
Auteur: redaction