Le gouffre d'Iter ne décourage pas les projets de fusion thermonucléaire

[3/3 Iter, la réalité derrière les promesses de la fusion nucléaire] Iter se veut la vitrine des éventuels réacteurs thermonucléaires, dont les qualités, selon ses promoteurs, surpassent celles de la fission, en usage dans les centrales classiques. Enquête au cœur d’un projet démesuré, aux conséquences sanitaires et environnementales désastreuses.

• Volet 1 : Le futur réacteur nucléaire Iter : un projet titanesque et énergivore
• Volet 2 : Derrière le projet Iter, des montagnes de métaux toxiques et de déchets radioactifs

Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône), reportage

Vantant lors du lancement de l’assemblage d’Iter, à Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône) en juillet 2020, la perspective d’une « énergie non polluante, décarbonée, sûre et pratiquement sans déchets », Emmanuel Macron a résumé ainsi la construction du plus grand réacteur de fusion nucléaire de tous les temps : « Iter, c’est précisément un acte de confiance en l’avenir. » C’est le même type de discours qu’a entendu la journaliste Isabelle Bourboulon, qui vit près de Manosque, au cours de son enquête sur Iter parue en 2020 : « Mes interlocuteurs disaient “Iter, j’y crois”, comme si c’était un acte de foi. » Effectivement, les promesses de ce réacteur dont le coût de construction dépasse les 40 milliards d’euros relèvent aujourd’hui de la croyance. Aucun réacteur de fusion n’a à ce jour produit le moindre kilowatt-heure (kWh) d’électricité, et dans le meilleur des cas, si l’expérience menée à Iter fonctionnait, la puissance obtenue resterait équivalente à celle qu’auraient nécessité les installations du réacteur. Mais d’autres paramètres rendent cette expérience particulièrement hasardeuse.

La journaliste Isabelle Bourboulon a longuement enquêté sur Iter. © Celia Izoard/Reporterre

Tout d’abord, il est très difficile de prévoir comment se comportera ce plasma en régime de fusion nucléaire à plus de 150 millions de degrés Celsius (la température du centre du soleil est de 15 millions de degrés). Dans ce « quatrième état », la matière est sujette à des turbulences qui, malgré de nombreuses recherches, restent imprévisibles. Dès le premier tir de plasma, le tokamak — cette enceinte de 23 000 tonnes dont l’étanchéité doit être absolue et qui a nécessité l’assemblage de 1 million de composants « au millimètre près » — pourrait être perforé par les 15 millions d’ampères qu’il faut faire circuler dans la chambre à…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Celia Izoard Reporterre