Le gouvernement veut-il mettre l’agriculture bio à terre ? C’est l’impression que donne la copie qu’il vient de rendre sur la politique agricole commune – la PAC, en partie négociée au niveau européen – qui entrera en vigueur en 2023 et s’étendra jusqu’en 2027. La PAC version française prévoit en effet une taille sévère dans les aides versées à celles et ceux qui cultivent sans pesticides et sans engrais : ils pourraient perdre près de 70 % de leurs subventions. Furieuses, les organisations agricoles et environnementales ont quitté la réunion où étaient présentés les arbitrages français, le 21 mai dernier. Et le 2 juin, plusieurs centaines d’agriculteurs ont manifesté à Paris pour dire leur colère, et leur dépit.
Les agriculteurs bio vont perdre deux tiers de leurs subventions
« Jusqu’à présent, l’agriculture biologique bénéficiait de deux types de soutien : une aide à la conversion biologique et une aide au maintien », explique Loïc Madeline, secrétaire national en charge de la PAC au sein de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab). Ces deux aides appartiennent au deuxième pilier de la PAC, géré par les régions en charge du fonds « Feader », financé à trois quart par l’Europe et un quart par l’État. Destinée aux agriculteurs installés depuis plus de cinq ans, l’aide au maintien pouvait atteindre 10 000 euros par an. En 2018, l’État avait décidé d’arrêter de mettre au pot de ces « aides au maintien ».
« Nos modèles ne sont pas susceptibles de capter la plupart des aides, et celles que l’on a, on est en train de les enlever. » Agnès, agricultrice bio dans le Loiret sur une ferme de 25 hectares en polyculture élevage. © Lola Keraron.
Pour compenser, certaines régions ont décidé de prendre en charge ces aides, transformant les aides nationales en aides régionales. Face à cette nouvelle contrainte budgétaire, seules les régions avec de peu surfaces en bio comme l’Île de France ou la Normandie ont pu maintenir intégralement ce soutien. Pour les autres, « les enveloppes n’étaient pas suffisantes », explique Fiona Marty, salariée à la Fnab. Certaines régions comme les Pays de la Loire ont fait le choix de plafonner leurs aides au maintien. D’autres, comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, les ont arrêtées, laissant les agriculteurs concernés démunis. Agriculteurs et associations environnementales espéraient que le gouvernement reviendrait sur cet abandon. Mais il a choisi de faire le contraire. « Le…
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Auteur: Lola Keraron