Le gouvernement peut-il dissoudre l'antifascisme ?

Il y a quelques semaines, le mercredi 30 mars, se tenait le dernier conseil des ministres du premier quinquennat Macron. L’occasion pour le gouvernement d’afficher sa volonté de faire « respecter l’ordre républicain jusqu’au bout face à tous ceux qui le menacent ». Et d’annoncer par là même sa décision de dissoudre la GALE (Groupe Antifasciste Lyon et Environs), sous prétexte que celui-ci serait « un groupement de fait » « connu pour ses actions violentes, ses appels à la haine et son incitation virulente et incessante à s’en prendre à nos forces de l’ordre » et qu’il menace[rait] nos concitoyens » dixit le porte-parole du gouvernement. Dissoudre un groupe antifasciste en se servant d’une loi votée à l’origine pour lutter contre les ligues fascistes, il fallait y penser. Le gouvernement Castex l’a fait.

La petite nouveauté cette fois-ci, c’est la mobilisation d’un article de la loi Séparatisme (2021) qui vient modifier la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées. Désormais, des groupes peuvent être dissous à partir du moment où l’État considère qu’ils incitent « à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ». Une modification substantielle du texte, taillée sur mesure pour s’attaquer aux groupes autonomes et un peu trop remuants. D’ailleurs, au cours des débats autour du vote de cette loi, le ministre de l’Intérieur ne s’en cachait pas et évoquait sans détour à quel genre de pratiques et de groupes il comptait s’attaquer : « Imaginons une association de black blocs dont les membres revendiquent des attaques contre les forces de l’ordre, contre les biens ».

Avec un critère de dissolution aussi large, les collectifs et organisations syndicales qui ont appelé, ces dernières années, à manifester contre la loi Sécurité Globale, la réforme des retraites ou n’importe quel méga-projet d’infrastructures pourraient tomber sous le coup de pareilles dissolutions. De même que les organisations autonomistes corses qui ont appelé à des manifestations après le meurtre d’Yvan Colona (lesquels appels se sont conclus par de nombreux affrontements avec les forces de l’ordre). Sans parler des appels à blocage et à manifestations sans déclaration lancés sur facebook par des groupes gilets jaunes…

Les avocats de la GALE ont donc déposé un référé liberté devant le Conseil d’État qui sera examiné le 11 mai. Déjà…

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Auteur: lundimatin