Le gouvernement refuse d'abolir l'élevage de poules pondeuses en cage

Les images sont à peine soutenables. Dans un bâtiment lugubre, privé de toute lumière naturelle, des poules à l’aspect maladif agonisent. Leurs croupions sont décharnés ; leurs longs cous, déplumés ; leurs corps, rachitiques. Certaines cohabitent dans des cages minuscules avec les cadavres en décomposition de leurs congénères. Les employés leur marchent dessus, les frappent avec un bâton, les tassent dans des caissons avant leur départ pour l’abattoir. Quelques-uns les envoient d’un coup de pied vers le plafond en riant, comme on taperait dans un ballon de foot.

Ces images, tournées par l’association L214 en août et septembre 2021 dans un élevage intensif du groupe Pampr’œuf et dévoilées jeudi 16 décembre, auraient pu ne jamais exister. Lors de la campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à interdire d’ici 2022 la vente d’œufs de poules élevées en batterie. « L’élevage en batterie des poules pondeuses, incompris par un nombre croissant de Français, devra progressivement disparaître au profit des élevages alternatifs », promettait le candidat.

À quelques jours de cette échéance, force est de constater que rien n’a été fait pour mettre fin à ce système d’élevage. Pire, un décret publié mardi 14 décembre stipule que les élevages existants pourront toujours être réaménagés à neuf, et donc continuer de fonctionner, à condition que le nombre de poules pondeuses pouvant y être élevées reste le même.

En Europe, ce mode d’élevage est déjà proscrit en Suisse, au Luxembourg et en Autriche

L’ONG CIWF, engagée dans la lutte contre l’élevage intensif, dénonce un énième recul contre la maltraitance de ces animaux. « En 2018, la loi Égalim [avait] vu quasi tous les amendements visant à interdire [l’élevage en cage] balayés », rappelle-t-elle dans un communiqué. Le gouvernement n’avait conservé que des amendements proposant d’interdire la construction ou le réaménagement de bâtiments dédiés à l’élevage de poules en cages, et non sa fin pure et simple.

Selon l’ONG, cette « obstination du statu quo » concernant les poules pondeuses en cage irait à contresens de l’histoire. En Europe, ce mode d’élevage est déjà proscrit en Suisse, au Luxembourg et en Autriche. L’Allemagne et la République tchèque se sont engagées à l’interdire d’ici 2025 et 2027. En juin, la Commission européenne s’est déclarée favorable à la mise en place d’ici à 2023 une réglementation pour y mettre fin progressivement….

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre