En quelques années, le réalisateur et acteur césarisé Jean-Pascal Zadi a imposé son style, entre absurde et satire sociale, dans la comédie française. Sa patte ? Les récits fish out of the water (1), un personnage plongé dans une situation invraisemblable radicalement étrangère à son contexte usuel.
Poisson hors de l’eau.
Dans Tout simplement Noir, coréalisé avec John Wax, succès surprise de l’été 2020, il est un acteur raté quadragénaire qui soudain décide de mener une manifestation d’envergure nationale en faveur des Noir·es. Dans la série En place, il est un éducateur de banlieue parisienne candidat à la présidentielle. Zadi prend un malin plaisir à incarner des personnages maladroits, à la limite des conventions – voire les transgressant ouvertement –, assumant son effronterie.
Son nouveau film ne déroge pas à la règle. Le Grand Déplacement – le détournement est évident – raconte les aventures de la première mission spatiale… africaine ! Ici, l’invraisemblance est dans l’énoncé même : des Africain·es dans l’espace ? Le seul fait que cela suscite l’hilarité interroge. Pourquoi l’idée d’une équipe spatiale africaine semble si grotesque ? Le comique induit réside de fait dans un inconscient raciste : confiner les Africain·es à une forme d’arriération primitive. C’est ce dont Jean-Pascal Zadi se joue avec sa coscénariste, Hélène Bararuzunza.
Revendiquer ce droit à l’imperfection (…) c’est clamer une humanité pleine et entière.
Pour qui appréhendait une énième ridiculisation de personnages noirs, il n’en est rien. Certes, personnages et situations « typiques » prêtent à la moquerie, voire à l’embarras : pourtant, noire moi-même, je plaiderais pour dépasser le white…
Auteur: Rokhaya Diallo