Le grand éclat de rire du philosophe

« Et il ne servirait de rien de compter les suffrages pour suivre l’opinion garantie par le plus d’auteurs, car, s’il s’agit d’une question difficile, il est plus croyable que la vérité en a été découverte par un petit nombre plutôt que par beaucoup. »René Descartes, Règles pour la direction de l’esprit

« Et – oui –
les baudruches des poètes proscripteurs
vipèrent, vespèrent et vitupèrent, grenouillent,
épistolent. »Paul Celan, La Rose de personne (trad. Martine Broda)

Dans Le Monde du 30 mars 2020 est paru un texte d’Emmanuel Faye à propos de l’épidémie de coronavirus : « Critiquant l’analyse la plus noire de l’évolution politique de nos sociétés, le philosophe Emmanuel Faye répond, dans une tribune au Monde, à Giorgio Agamben, soulignant que ‘‘le nihilisme apocalyptique n’est jamais une fatalité’’ ». Je souscris pleinement à l’affirmation d’Emmanuel Faye : en effet, le nihilisme apocalyptique n’est jamais une fatalité. Enfin, presque jamais…

L’histoire que je vais vous raconter est vraie. Les documents dont je fais état sont tous publics, qu’ils se trouvent dans le commerce ou en bibliothèque. L’écrire est un acte.

* * *

Nous sommes à la fin du XXe siècle, à Paris. Je suis surveillant, plus exactement « tuteur pédagogique » dans un lycée confessionnel juif sous contrat, l’ENIO, situé Métro Vincennes. J’occupe une place stratégique, au quatrième étage, l’étage des Terminales, j’ai une chaise et une table dans le couloir, je surveille. Autrement dit je lis et j’écris, assis à ma table de travail, et lorsque des élèves font trop de bruit dans le couloir, et me dérangent, je leur enjoins de regagner leur classe. Et s’ils refusent, de faire moins de bruit. J’ai vingt-six ans, la vie est belle.

J’ai renoncé à rater de nouveau…

Auteur : lundimatin
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