Le Grand Final

Pendant 72 jours la Commune de Paris a existé, et 150 ans après, pour beaucoup, elle est encore un exemple, une source d’inspiration, un rêve.
Nous publions ici la chapitre final d’une oeuvre littéraire en cours. Il s’agit de mettre « de côté le possible » et de laisser « se déployer le pensable, l’imaginaire » : la colonne Vendôme propulsée par des fusées sur le Sacré-Coeur.

La Garden Party au Château de Versailles touchait à sa fin. Elle avait été un grand succès. Comme à son accoutumée, le Président, bien conseillé par sa femme, n’avait pas lésiné sur les moyens. La Grandeur de la France avait été, encore une fois, au rendez-vous. La « crème de la crème » de la Nation au complet ainsi que les amis étrangers. Même l’Opposition, hésitante au début, s’était laissée tenter par le cadre jupiterien, les jardins à la française, le champagne et les buffets somptueux. L’historien Zalar, expert officiel de la Troisième République chère au Président, légèrement ivre reluquait les jeunes serveuses qui offraient une dernière coupe de champagne avant le départ.

A 15 heures, l’imposante colonne des véhicules officiels quitta enfin Versailles, encadrée par des motards, les redoutables voltigeurs, et de voitures de police. La veille, après avoir examiné les options d’itinéraire, le Président avait choisi celui traversant Paris du Sud-Ouest au Nord, comme il y a 150 ans, à la veille de la Semaine Sanglante.

A Paris, Les quartiers jouxtant Montmartre étaient noirs de monde. La dernière provocation du Président avait été celle de trop. La tant rêvée « convergence des luttes » semblait enfin avoir pris forme, de façon spontanée, ou plutôt, induite par l’ennemi. Aux manifestants habituels, militants politiques, syndicalistes, gilets jaunes s’était jointe une multitude de personnes de tous âges et origines. Le beau temps et le jour férié du Lundi de Pentecôte y étaient aussi pour quelque-chose.

En face, un dispositif de sécurité impressionnant avait été déployé au pied de la butte. Militaires, Police Nationale, Gendarmerie avaient comme consigne d’empêcher quiconque de s’approcher du Sacré Cœur. Camionnettes, autopompes, barrières métalliques renforcées de fils barbelés constituaient un mur infranchissable, séparant les nantis du bas peuple. Les forces de l’ordre, en tenue anti-emeute et armes chargées à balles réelles attendaient l’ordre éventuel de charger la foule.

A deux…

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Auteur: lundimatin