Le Guinarou

Après nous avoir partagé l’histoire d’une cité post-effondrement dans une nouvelle en huit parties l’hiver dernier, Arcadio Wang nous propose cette semaine un nouveau récit, qui sera publié le 14 octobre dans la revue Corrodes des éditions Dynastes.

C’est l’histoire d’un homme seul, qui s’obstine, pour pouvoir planter du blé, à retirer à la pioche tout le calcaire d’une terre où pas grand chose ne pousse. Un jour, coup de bol : il plante sa pioche dans le crâne d’une créature aux pouvoir stupéfiants, qui va l’aider à opérer la transition d’une agriculture low-tech et franchement galère vers un modèle industriel et productif qui lui permettra de s’en mettre plein les poches (mais créera quelques tensions dans le voisinage). Merci le Guinarou !

Il creusait la terre et en sortait des pierres depuis des mois. Mais c’était un projet trop vaste pour un seul homme. Cela, tout le monde le lui avait dit. La propriété était trop vaste, la terre inexploitable, du moins tant qu’elle serait ainsi emplie de ces pierres blanches. Lui voulait devenir un très gros exploitant, avoir un immense terrain sur lequel semer ses graines à perte de vue et il n’avait pas les moyens de se payer une large terre déjà pleinement arable.

« Non mais tu es complètement fou, toutes ces collines n’ont jamais été bonnes qu’à nourrir les chèvres… Pourquoi t’acharner ainsi ? Écoute un peu ton père !… Et puis on la dit mauvaise cette terre, si nos vieux n’ont pas osé l’exploiter jusqu’à maintenant ce n’est pas pour rien. Quand tu te penches sur le sol et tends l’oreille, là-bas, tu entends une vibration, un vrombissement sourd, comme un chœur qui chantonne au loin. Tiens-toi à distance de ces collines. »

Il s’était tu mais cela ne l’avait pas empêché de vendre la petite propriété familiale pour acheter les six collines.

De toute manière, la modernité arrivait dans cette région rurale, bientôt il n’y aurait plus de fermette comme celle où il avait grandi. L’âge des grandes exploitations avait commencé et ces bouleversements faisaient déjà brutalement évoluer les idées des paysans soudain pris de rêves de grandeur. Lui n’avait jamais cru en leurs superstitions. Il crachait sur leurs peurs et méprisait les interdits. Il en avait assez de la terre, il ne voulait plus la cultiver. Il allait se démener et une fois qu’il se serait débarrassé de ces maudites pierres, il ferait vite fructifier ses profits. Il avait des projets pour s’éloigner des mains…

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Auteur: lundimatin