Le jambon aux nitrites cause des cancers, mais reste sur les étals

Oui, il y a bien un lien entre les additifs nitrés dans les charcuteries et le cancer du côlon. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le confirme noir sur blanc dans un avis rendu mardi 12 juillet. Il était attendu, il est important. « C’est historique, l’Anses reconnaît que ça tue », a assuré Richard Ramos à Reporterre. Le député Modem mène le combat depuis plus de trois ans pour faire reconnaître la dangerosité des charcuteries contenant des nitrates et des nitrites, qui représentent la grande majorité du marché aujourd’hui.

Cet avis vient « contredire le lobby de la charcuterie, la Fict, qui s’époumone depuis trois ans pour faire croire que les nitrites et nitrates ajoutés ne présentent pas de risques sérieux pour la santé », se sont félicitées la Ligue contre le cancer, l’association Foodwatch et l’application Yuka dans un communiqué commun. La Fict regroupe 300 entreprises de charcuterie traiteur.

L’Anses s’est appuyée sur les dernières études épidémiologiques disponibles, c’est-à-dire des études basées sur la consommation de la population en conditions réelles, pour souligner ce danger. Elle vient ainsi confirmer les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), qui avait classé en 2015 la charcuterie « cancérogène certain pour l’Homme ». L’agence ajoute également que des études permettent de « suspecter » une association positive entre exposition aux nitrates et nitrites dans la charcuterie et risque d’autres cancers : du sein, de la vessie, du pancréas, de l’estomac, de la prostate et de l’œsophage. Elle souligne la nécessité de nouvelles études pour confirmer ces liens.

Pas plus de 150 grammes de charcuterie par semaine

De ces observations, elle en tire plusieurs recommandations. D’abord, elle estime que la DJA – dose journalière admissible – pourrait être révisée pour regrouper nitrates et nitrites dans une DJA commune et ainsi mieux prendre en compte la « co-exposition » à ces deux substances. Ensuite, elle rappelle que le Programme national nutrition santé préconise de ne pas manger plus de 150 grammes de charcuterie par semaine. Mais « près de la moitié de la population française dépasse cette dose », a déploré Irène Margaritis de l’Anses lors de la présentation de l’avis.

L’Anses préconise donc surtout de « réduire l’exposition de la population à ces substances », en particulier via la « réduction de l’utilisation d’additifs nitrités dans les…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Marie Astier Reporterre