Le jeu du calamar et la vraie vie

Nous avouons n’avoir vu Squid Game que la semaine dernière. C’est en effet le propre du boomer : toujours une longueur de retard sur la vie mondialement connectée. Néanmoins un retard, cela peut se rattraper en quelques nuits. Nuits de sueurs froides, de voyeurisme, d’enthousiasme et de tristesse, de colère… Rien cependant, jusque-là, ne justifiait l’écriture d’un article. S’apitoyer sur la sauvagerie sanguinaire du capitalisme ? Sur les barbaries racistes et patriarcales ? Sur la servitude volontaire ? Rien de nouveau sous ce dément soleil. Jusqu’à ce qu’une vidéo Brut., le jeudi seize juin au matin, vienne nous surprendre sur Instagram (puisqu’il faut chercher à se déboomeriser) : « Netflix va adapter Squid Game en télé-réalité ».

Seize juin disions-nous : ce n’est pas le premier avril. Et malgré un bref instant de doute, nous sommes bel et bien éveillé. Site officiel de la firme internationale de Reed Hastings (chiffre d’affaires pour l’année de la « pandémie » : vingt-cinq milliards de dollars) : « Squid Game. The Challenge – A Netflix Reality Competition – With the largest cast in reality TV history, 456 real players will enter the game in pursuit of a life-changing cash prize of $4.56 million. Do you have what it takes to win Squid Game ? For this round, the Front Man is in search of English-language speakers from any part of the world. The stakes are high, but in this game the worst fate is going home empty-handed.  »

La dernière phrase permet de comprendre après une petite gymnastique mentale qu’aucune vie humaine ne sera menacée. Si et seulement si du moins, ajouterait-on volontiers, les dispositifs de contrôle mis en place ne connaissent aucun dysfonctionnement, aucun défaut, aucune faille : ce qui n’est le cas d’aucun dispositif de contrôle. Mais reprenons notre point de départ. Qu’est-ce que le squid game ? Le traditionnel jeu du calamar (un jeu de mains, partant, de vilains) était pratiqué par les enfants sud-coréens dans les années soixante-dix, quatre-vingt… et sans doute de nouveau aujourd’hui, puisque la face du monde semble bien avoir été changée par le succès de cette fiction, « the most popular (Netflix) series ever ».

Dans la très cruelle série de Hwang Dong-Hyuk, le 오징어게임 (« squid game » en hangeul, alphabet coréen) ainsi qu’un ensemble d’autres jeux de cour d’école deviennent un moyen de s’entretuer afin d’obtenir une colossale somme d’argent. Une énorme firme hors-la-loi organise cette…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin