Le Kurdistan irakien mène bataille contre les pétroliers

Erbil (Kurdistan irakien), reportage

Au pied de la colline, des maisonnettes en parpaing et en tôle épousent une grille de rues parfaitement perpendiculaires, entourées de grillage. Ici et là, une bâche bleu ciel, le logo à demi effacé d’une agence de l’Organisation des Nations unies (ONU), rappelle l’origine du site : nous surplombons le camp de réfugiés de Kawergosk, établi en 2013 à proximité d’un village kurde éponyme pour répondre à l’afflux de milliers de réfugiés syriens vers le Kurdistan irakien (KRI), une province autonome du nord de l’Irak.

À l’horizon, quatre torchères flamboyantes dirigent vers le ciel des volutes de fumée. Longues tiges couronnées de flammes, elles servent à brûler le gaz qui accompagne le pétrole brut lors de son extraction.

« Les torchères étaient déjà là à notre arrivée, mais on ne nous a rien dit à leur sujet, se souvient Azaat Zardesh, un habitant arrivé de Syrie en 2013. À la frontière syrienne, on nous a mis dans des bus et envoyés ici. Des rumeurs disaient que ce lieu n’était pas habitable, parce que trop pollué. Nous pensions que Kawergosk ne serait qu’un centre de transit, que nous ne resterions pas. »


Le camp de Kawergosk est situé à moins de 10 kilomètres de plusieurs torchères, visibles à l’horizon. ©Lyse Mauvais / Reporterre

Près de dix ans plus tard, plus de 8 000 réfugiés vivent à Kawergosk, et les craintes soulevées par la proximité des torchères persistent. La rumeur court que deux des quatre puits qui alimentent le camp en eau, aujourd’hui hors service, ont été contaminés par du pétrole. D’autres ont l’impression que les maladies respiratoires, les malformations et les cancers infantiles surviennent à une fréquence anormalement élevée.

« Dans un rayon de 500 mètres autour de chez moi, nous avons enregistré six nouveaux cas de cancer au cours de l’année », soupire Azaat Zardesh. Un infirmier qui vit dans le village voisin confirme : « J’ai travaillé trois ans dans ce village et je voyais beaucoup de problèmes respiratoires, d’asthme, plus qu’à la capitale [Erbil] où j’ai travaillé ensuite. » Des craintes difficiles à confirmer ou apaiser, en l’absence de données statistiques.

Ce qui est sûr, c’est que le torchage du gaz a été identifié de longue date comme une source de pollution environnementale majeure et un facteur de risque pour la santé des populations environnantes. Pourtant, le gaz « torché » pourrait être capturé, reconditionné et réutilisé pour…

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Auteur: Lyse Mauvais Reporterre