« Avant de labelliser ceux qui font des progrès, ce serait peut-être bien de reconnaître qu’il y a des fermes qui ne participent pas au dérèglement climatique. » Jean-Pierre Chassang exploite une ferme laitière d’une trentaine de vaches dans le Cantal. Partisan d’une agriculture non mécanisée, respectueuse de l’environnement et donc peu polluante, il espérait faire reconnaître sa ferme par le label bas carbone. Cette certification « récompense les acteurs de la lutte contre le changement climatique », selon le ministère de la Transition écologique, qui l’a créée en avril 2019 pour atteindre les objectifs climatiques de la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Problème, sa ferme n’est pas éligible, car l’éleveur ne peut pas lancer de projet de réduction de ses émissions suffisant : son exploitation est déjà trop « propre ».
Lancé en collaboration avec des organisations comme l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), le label ministériel voulait pourtant répondre aux « demandes des filières agricoles, forestières et des entreprises qui voulaient compenser leurs émissions en France », dit Claudine Foucherot, directrice du programme agriculture et forêt à l’I4CE. Pour une entreprise, une collectivité ou un particulier, la compensation carbone consiste à financer des projets réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Une entreprise qui émet 100 kilos de CO2 peut volontairement financer un projet réduisant les émissions de 100 kilos de CO2, et ainsi revendiquer sa neutralité carbone.
Financer et communiquer
Les intérêts du label bas carbone sont multiples et ses acteurs aussi. Pour les financeurs de projets bénéficiant du label, il s’agit de compenser leurs émissions. Une démarche positive, mais en surface seulement, selon Cyrielle Denhartigh, responsable agriculture et alimentation au Réseau Action Climat (RAC) : « Avec le label bas carbone, une entreprise va, d’un côté, financer des pratiques et ainsi se targuer de faire des efforts pour lutter contre le dérèglement climatique. De l’autre, elle sera moins ambitieuse sur ses propres réductions de GES. »
Même son de cloche du côté de l’I4CE : « L’intérêt implicite du label est de permettre aux entreprises de communiquer sur les projets qu’elles financent. » Le label bas carbone n’est effectivement pas contraignant pour les entreprises, les collectivités ou les particuliers n’ayant pas d’obligation de financement : ces compensations volontaires leur apportent peu,…
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Auteur: Nils Sabin Reporterre