Le lent pourrissement des hominidés — Erno Renoncourt

La barbarie invisibilisée

Longtemps dissimulée, derrière des mythes de grandeur, cette barbarie a été invisibilisée dans les écosystèmes prospères au Nord de la vie, là où a longtemps coulé l’abondance par le rythme vertigineux d’une mondialisation, commencée avec les conquérants Espagnols en 1492 (Samir Amin, L’Empire du chaos). Pourtant, cette barbarie s’est manifestée, pendant 5 siècles, dans ses formes les plus abjectes dans les écosystèmes du Sud. Pour sa jouissance, cette barbarie, pilotée par l’Occident, a soumis l’humanité à ses lois, à ses vices, à ses médiocrités, mais toujours en s’assurant, malicieusement, de les faire passer pour des valeurs universelles imposables à tous, sauf à lui-même. C’est là son motif structurel dominant : l’éternel double standard qui promeut la démocratie pour elle et impose la terreur aux autres, l’abondance pour ceux de sa culture, et l’indigence pour les autres créatures.

Ainsi, à coup de privations, d’exploitation, de corruption et de déshumanisation, l’Occident a imposé son récit sur tous les peuples en faisant passer sa barbarie, ses forfaitures, ses impostures, ses génocides, ses spoliations, ses vols et ses pillages comme des faits civilisationnels (Brunswick & Danzin, Naissance d’une civilisation). Rares sont ceux au Nord qui ont osé dire et dénoncer cet ‘‘effondrement provoqué’’ dans lequel l’Occident a maintenu de vastes populations humaines (Jean Ziegler, Géostratégie de la faim) par la domination ou l’extermination.

Le dévoilement des putrides

Mais voilà qu’usée par ses succès infâmes, contrainte par les limites, enfin reconnues, de la croissance (Meadows & Randers, Les limites de la croissance), de vivre avec plus de sobriété et moins d’opulence, brunie et brûlée par le climat qui se réchauffe et fait fondre les mauvais alliages de sa mégère nature, cette barbarie dévoile enfin l’intégralité de sa sculpture difforme et exhale toutes les pestilences de sa puanteur. Et dans une stupeur, théâtralisée pour dissimuler la peur, faussement jouée par l’épistémologue de l’imposture qu’est l’actuel président français, l’Occident découvre que les failles de sa démocratie coïncident avec la fin de l’abondance (Discours d’Emmanuel Macron, 13 avril 2020 et 24 août 2022). En effet, dans le contexte des crises du coronavirus (2019) et de la guerre en Ukraine (2022), l’Occident a découvert — ô frayeur ! — que dans son modèle économique et géopolitique des impensés qui…

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Auteur: Erno Renoncourt Le grand soir