Le liga, la « boue » maritime qui infeste les côtes basques

Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), correspondance

Chaque année, le même scénario se répète : du printemps à l’automne, les marins pêcheurs basques remontent dans leurs filets non plus des poissons, mais du liga. Aussi appelé « morve de mer », le liga est « un mucilage marin qui se forme dans les zones de rencontre entre eaux douces et salées », explique Nicolas Susperregui, docteur en biologie marine et chargé de mission auprès du Comité interdépartemental des pêches et des élevages marins des Pyrénées-Atlantiques et des Landes (CIDPMEM 64-40). C’est-à-dire une prolifération de phytoplanctons qui sécrètent du mucus. La première alerte remonte à vingt ans, en 2001. Cette année-là, les pêcheurs avaient été intrigués par cette « boue » inhabituelle qui était venue colmater leurs filets.

Depuis, les pêcheurs ont constaté une différence de rendement de leur activité de 1 à 6 selon la présence ou non de liga. Il n’impacte pas seulement la productivité des pêcheurs : cette baisse peut être due à une fuite du poisson, mais elle s’explique aussi par un effondrement de la biodiversité. Certaines formes de liga se déposent et tuent les fonds marins, a constaté Nicolas Susperregui. Et depuis 2018, la situation empire : « Maintenant, c’est quasiment non-stop de mars à octobre », déplore le biologiste.

Le temps perdu dans la lutte contre ce phénomène attise la colère de Serge Larzabal, président du Comité des pêches basé à Ciboure (Pyrénées-Atlantiques) : « Après vingt ans de batailles et de discussions, les réponses des élus sont toujours les mêmes. Ils trouvent d’autres responsabilités en mettant tout sur les rejets de l’embouchure de l’Adour. » Le Comité interdépartemental des pêches a porté plainte contre X en juin 2021 pour mettre à jour les responsabilités de cette pollution par le biais d’une enquête judiciaire. De son côté, le Collectif des associations de défense de l’environnement du Pays basque et du sud des Landes (Cade) a aussi porté plainte contre X en juillet.

Du liga retrouvé dans les filets de pêcheurs. © Comité interdépartemental des pêches 64-40

L’embouchure de l’Adour, le principal responsable ?

Nicolas Susperregui, qui a étudié le phénomène, explique que la prolifération du liga vient de l’eutrophisation des eaux, causée par l’excès d’azote et de phosphate présents dans les eaux côtières. Reste à déterminer d’où viennent ces apports trop importants en nutriments.

Du côté de la communauté…

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Auteur: Chloé Rebillard Reporterre