Le lot, emmerdé

En automne 2017, l’entreprise Bioquercy installait à Gramat, dans le Lot, une « unité de méthanisation » après que l’enquête publique qui devait précéder ces travaux se soit opportunément déroulée du 18 juillet au 19 août 2016, alors que la majorité des habitants de Gramat étaient en vacances. Cette usine résultait d’un partenariat créé entre la coopérative agricole d’élevage industriel « la Quercynoise » CAPEL et la société Fonroche biogaz.

Bénéficiant de subventions publiques d’un montant de 2,9 millions d’euros, de l’aide de la Région, de la Préfecture et de l’accord tacite de la commune de Gramat et du bien nommé Parc Naturel Régional des Causses du Quercy, l’usine s’est imposée malgré une forte inquiétude de la population. Elle traite aujourd’hui 65000 tonnes de déchets par an, issus d’élevages industriels appartenant à la Quercynoise CAPEL.

Par le processus de méthanisation, où les déchets sont dégradés par des bactéries et génèrent du méthane qui peut ensuite être utilisé pour produire de la chaleur ou de l’électricité, l’usine est censée produire de la chaleur permettant d’alimenter l’abattoir de La Quercynoise CAPEL à hauteur de 70 % de ses besoins. Or, l’usine n’a pas été pas capable de répondre à ses obligations contractuelles : en 2018 et en 2019, elle n’a produit que 6 904 MW thermiques et n’a pu donc fournir la totalité des 10 000 MW de chaleur qu’elle s’était engagée à fournir à la Quercynoise CAPEL. Pour honorer son contrat, Bioquercy a du « optimiser » sa production de gaz par l’ajout de gaz naturel liquide importé depuis des ports français.

Depuis son installation, l’usine de Gramat a généré nombre de nuisances pour ses riverains. Des odeurs nauséabondes ont pu se faire sentir jusqu’à 2 kms autour du site de production, provoquant même des malaises chez certaines personnes. Un article, paru dans le journal Le Monde, rapporte également les propos d’un apiculteur ayant constaté une forte mortalité de ses abeilles quelques jours après un épandage de digestat chez un voisin agriculteur, ainsi que des mortalités de vers de terre les jours suivants sur les parcelles épandues.

Il faut en effet savoir que la méthanisation produit un déchet : le digestat, un résidu le plus souvent liquide composé d’éléments organiques non dégradés qui représente 80% de la masse initiale traitée. Le digestat charrie souvent bon nombre de résidus d’antibiotiques, de métaux lourds tel le…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin