Le marxisme culturel de Raymond Williams

Fondateur des Cultural Studies et de la New Left Review, Raymond Williams (1921-1988) est une des figures les plus influentes et novatrices de la culture critique anglaise. Très peu connu en France – à part quelques rares articles publiés dans de petites revues – il aura fallu un demi-siècle après la publication de ses premiers livres importants pour qu’il soit enfin traduit en français : Culture et Matérialisme (Paris, Les Prairies Ordinaires, 2009, 246 pages), livre à propos duquel on pourra lire cet article de Thierry Labica.

Dans cet article publié en 2012, Michael Löwy revient sur la trajectoire politique de Raymond Williams pour en détailler les apports, les relations qu’il a entretenues avec le marxisme et la façon dont il a combattu sa déviation vers le dogmatisme. L’apport de Williams est essentiel concernant les approches critiques de la culture, mais son œuvre ne peut être détachée d’un engagement intellectuel né au cœur de l’Angleterre au milieu du 20ème siècle et des débats de la nouvelle gauche qui apparaissent alors.

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Comment expliquer le retard dans la traduction en français de l’œuvre de Raymond Williams ? La Manche est-elle un abîme infranchissable ? Ou c’est l’Hexagone qui tend à s’enfermer dans un splendide isolément ? Ce retard – et d’autres analogues, concernant des auteurs anglais importants – mériterait une recherche avec les meilleures méthodes analytiques / critiques des « études culturelles »…[1]

 En tout cas, on ne peut qu’être reconnaissant aux éditions Les Prairies Ordinaires, et aux deux directeurs de la collection « Penser/Croiser », François Cusset et Rémy Toulouse, d’avoir pris l’initiative de publier ce premier recueil d’essais, permettant ainsi au public de langue française de découvrir un des intellectuels de gauche les plus importants d’Angleterre, dont les œuvres sont connues et discutées depuis longtemps aux USA, en Amérique Latine et ailleurs.

Fils d’un père cheminot du pays de Galles, Williams a toujours été – un peu comme son homologue français Pierre Bourdieu – un outsider dans le milieu de l’élite académique anglaise. Sa double loyauté de classe – fils de famille ouvrière – et communautaire – la culture galloise – va être un des fils conducteurs de sa vie. Certes, il a été étudiant de littérature à Cambridge mais, en adhérant au Parti Communiste Anglais vers la fin des années 1930, il se situait nécessairement en marge de l’establishment universitaire ; ses…

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Auteur: redaction