Le marxisme et l’oppression des femmes. Un extrait de Lise Vogel

Initialement publié en 1983 aux Rutgers University Press, puis en 1984 aux Pluto Press, l’ouvrage de Lise Vogel, Le marxisme et l’oppression des femmes. Vers une théorie unitaire passe d’abord relativement inaperçu. Ce n’est que dans les années 2000-2010, dans le contexte d’un regain d’intérêt universitaire et politique pour le marxisme, et de naissance d’une nouvelle vague du féminisme, que certaines féministes marxistes, comme Susan Ferguson et Tithi Bhattacharya, oeuvrent pour faire émerger un courant unifié autour de la théorie de la reproduction sociale (TRS). Dans ce cadre, l’ouvrage de Vogel est relu comme fondateur. Encore jamais traduit en français, il demeurait relativement inaccessible pour le public francophone : c’est à présent chose faite, puisqu’il est paru cet automne aux Éditions sociales.

Dans son ouvrage, Lise Vogel propose une théorie unitaire pour penser l’oppression des femmes, en repartant à la fois des élaborations marxistes sur la question, et du débat sur le travail domestique des années 1970 qui avait embrasé le mouvement féministe anglo-saxon. Elle offre ainsi un cadre théorique stimulant pour penser l’unité de la production et de la reproduction sous le capitalisme, et par-là l’unité des rapports sociaux de domination. L’extrait suivant est tiré du dernier chapitre de son ouvrage, le chapitre 10, « Par-delà le travail domestique », dans lequel elle aboutit à la formulation la plus définitive de son projet. Les deux apports les plus fondamentaux de Lise Vogel y sont ainsi développés : comment comprendre l’oppression des femmes sous le capitalisme, et la contradiction fondamentale au coeur de l’accumulation capitaliste.

Le chapitre précédent a introduit certains concepts fondamentaux relatifs à la reproduction de la force de travail, qui se sont avérés utiles pour appréhender le problème de l’oppression des femmes dans les sociétés de classe. Cette question peut désormais être comprise dans le contexte de la reproduction sociale capitaliste. Dans les sociétés capitalistes, l’exploitation passe par l’appropriation de la survaleur, et le surtravail prend la forme de travail salarié. La force de travail prend quant à elle la forme particulière d’une marchandise achetée et vendue sur le marché. Cette marchandise possède, comme Marx l’a découvert, la propriété particulièrement utile d’être source de valeur. Bien qu’elle soit échangée sur le marché, ce n’est pas une marchandise comme les autres puisqu’elle n’est…

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Auteur: redaction