Le masque nous empêche-t-il de lire les émotions d’un visage ?

Le visage est une source d’information essentielle pour connaître l’identité ou les émotions d’une personne. Il capture systématiquement notre attention visuelle, entraînant une orientation automatique du regard et une réponse du corps visible par exemple au niveau de la pupille.

Lors de l’observation d’un visage, notre regard chemine par les yeux et la bouche formant un triangle. La pupille, elle, se dilate ; ce phénomène est plus important en réponse à un visage qui exprime une émotion, qu’elle soit positive ou négative. Cela pourrait être lié à l’empathie que nous ressentons pour autrui.

Depuis 2020, la pandémie de Covid-19 a imposé des contraintes dans notre vie de tous les jours. La plupart des autorités sanitaires mondiales ont recommandé le confinement ainsi que le port d’un masque chirurgical couvrant la bouche et le nez. Ces restrictions ont mené à une diminution quantitative et qualitative des interactions sociales.

Quel est l’impact du masque sur nos interactions sociales ? Pour le comprendre, nous avons étudié les effets du masque sur l’identification, l’exploration et la réaction de la pupille à des visages émotionnels en comparaison à d’autres accessoires faciaux portés dans la vie quotidienne, comme des lunettes de soleil.

Détecter les émotions

Les émotions faciales sont dynamiques, pourtant, la plupart des études récentes s’intéressant à l’effet du masque sur la reconnaissance des émotions ont utilisé des photos sur lesquelles un masque a été numériquement incrusté.

Afin de conserver les mouvements faciaux et leur authenticité, nous avons créé une base de données vidéo la plus réaliste possible : des acteurs ont été filmés portant un masque et d’autres accessoires faciaux. Au total, 48 vidéos ont été créées puis testées : quatre acteurs, trois émotions (neutralité, joie ou tristesse) et quatre conditions de dissimulation partielle du visage (sans accessoire, lunettes de soleil, cache-nez ou masque).

La reconnaissance des émotions exprimées dans ces vidéos a été mesurée lors d’une étude en ligne. Nous avons ainsi montré, chez 122 participants âgés de 18 à plus de 70 ans, que tous les accessoires faciaux (masque, cache-nez ou lunettes de soleil) gênent la reconnaissance de la tristesse. Cette gêne augmente avec l’âge pour le masque.

Cette difficulté de reconnaissance de la tristesse est sans doute due à la…

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Auteur: Vivien Rabadan, Doctorant en neuroscience cognitive, Université de Tours