Le match du siècle ? Réflexions sur le livre de Kishore Mahbubani "Le jour où la Chine va gagner" — André LACROIX

Une remontrance à la Chine

Le premier chapitre du livre a pour titre « La plus grave erreur stratégique de la Chine ». Selon Kishore Mahbubani, la Chine a eu le tort, après la crise financière de 2008, de s’aliéner le monde des affaires des États-Unis. Alors qu’elle était devenue la deuxième puissance économique mondiale, la Chine a continué à « se prétendre aussi vulnérable que le Tchad ou le Bangladesh et à exiger que lui soient appliquées les dispositions protectrices spéciales de l’OMC » (p. 52). Semblable attitude, ressentie comme déloyale par les États-Unis et les autres économies avancées, a terni l’image de la Chine.

Comment expliquer cette « hubris qui s’est emparée de Pékin » (p. 50), cette conviction qu’elle est « un Empire du Milieu autosuffisant qui n’a pas besoin de se mêler au monde » (p. 57) ? Mahbubani pointe la faiblesse de l’interrègne de Hu Jintao (2003-2013), quand la direction du parti n’a pas été en mesure de « vérifier attentivement comment les provinces et les villes traitaient les investisseurs étrangers (…) Comme le dit le proverbe chinois bien connu, ‘les montagnes sont hautes, et l’empereur est loin’ (…) » (p. 47).

Mais la situation a changé. « Un avantage des Chinois par rapport à leurs homologues américains vient de ce qu’ils sont capables de conserver une vision globale de la situation stratégique lorsqu’ils prennent leurs décisions politiques » (p.62). Avec, d’une part, le retour du leadership central de la Chine incarné par Xi Jinping et, d’autre part, la sinophobie et le nationalisme qui ont gagné les États-Unis, « (…) comme le monde a besoin d’un nouveau champion, la Chine pourrait combler le vide. À maints égards, elle a commencé à le faire. Le discours prononcé par le président Xi Jinping à Davos, en janvier 2017, peut se résumer en une défense intellectuelle radicale des vertus de la mondialisation » (p. 63).

Dans ce match au sommet aux enjeux considérables, une nervosité bien compréhensible a valu à la RPC une … simple remontrance ; mais quid de l’équipe adverse ?

Un match qui ne se déroulé pas comme prévu

Le chapitre suivant du livre s’intitule « La plus grave erreur stratégique des États-Unis ».

Ce qui frappe d’emblée Kishore Mahbubani, c’est que « l’Amérique ne dispose d’aucune stratégie globale quant à la Chine » (p. 65). C’est difficile à comprendre quand on songe aux milliers de spécialistes qui travaillent dans des think tanks prestigieux :…

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Auteur: André LACROIX Le grand soir