Dans une gare, il n’est pas rare de se rendre dans un Relay, pour combler l’attente en achetant un livre ou un périodique. Sur un présentoir de magazines, bien en valeur entre deux rangées de journaux, en gare de Chartres (Eure-et-Loir), un utilisateur de X (ex-Twitter) remarque et photographie un point commun entre des publications alignées. Omerta, Valeurs actuelles (trois numéros), Frontières, Causeur, Front populaire, Furia (deux numéros)… Tous ces magazines proposent une vision réactionnaire de la société et se placent à l’extrême droite du champ politique (même si certains s’en défendent).
L’écosystème des médias d’extrême droite est varié et soutenu par toute une chaîne de production. La chaîne de magasins de presse Relay appartient à Bolloré depuis qu’il a racheté le groupe Lagardère en 2022. Et ce n’est pas un secret que le milliardaire a mis son empire au service des idées conservatrices. Les médias réactionnaires ne se limitent d’ailleurs pas à ceux possédés par Bolloré. Certains se clament haut et fort « indépendants », que ce soit en kiosques (parfois bien mis en avant), sur les plateformes de streaming vidéo ou sur Internet. Par le biais d’aides publiques ou via la défiscalisation, certains sont financés en partie par le contribuable. Focus sur l’un d’entre eux, qui malgré son jeune âge se trouve au cœur de la galaxie médiatique réactionnaire : Frontières.
Le magazine à l’esthétique léchée ne cache pas ses obsessions : l’immigration, l’Islam et la gauche, le tout au prisme du « grand remplacement ». Sa dernière couverture montre un duo Bardella-Le Pen souriant, la précédente Trump le poing levé, et celle d’avant une enquête sur une soi-disant « haine du blanc ». Surtout, Frontières se veut le « Mediapart de droite », comme le clame et le répète sa vidéo de lancement. Comment ? En copiant la maquette du quotidien de manière bien visible.
Auteur: Emma Bougerol