Le métissage contre le racisme ?

En France comme aux États-Unis ou au Brésil, le métissage fait l’objet d’une véritable obsession, négative chez nos racistes les plus déterminés (qui expriment quotidiennement et bruyamment, avec de moins en moins de filtres et de plus en plus de relais mass-médiatiques, leur peur panique de la souillure raciale), positive chez nos antiracistes les plus inconséquents, hélas nombreux (qui voient dans la « mixité » le levier par excellence du « dépassement » des « conflits », de « l’enrichissement culturel », voire d’une forme d’« embellissement »). À rebours de ces deux formes de fascination et d’investissement affectif grossier dans les « différences » et leur « mélange », au-delà du mythe politique, éthique et esthétique, Solène Brun nous propose un chemin alternatif et bienvenu : celui que trace l’approche sociologique, et qui implique la « neutralité axiologique », le rejet des « pré-notions » et le détour par l’enquête de terrain. Après trois chapitres qui analysent, historicisent et critiquent brillamment les catégories de « couple mixte » et d’ « enfant métis » ainsi que leur mythification, en soulignant notamment leur ancrage dans des dispositifs de pouvoir coloniaux, la sociologue nous plonge dans ce terrain d’enquête évident et pourtant assez peu investi qu’est la famille dite « mixte », en accordant toute l’attention requise aux questions les plus triviales – mais fondamentales – qui se posent à elle dans une société toujours travaillée en profondeur par un racisme systémique et multiforme : le choix du prénom des enfants par exemple, celui aussi de leur éducation religieuse et de leur éducation tout court – et notamment les tensions entre deux tendances, ancrées aussi bien dans la « socialisation raciale » différenciée (et parfois inégale) des parents que dans des considérations stratégiques : « ignorer le racisme » ou…

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Auteur: Solène Brun