Il y a quelques mois, au cœur de l’été 2020, le gouvernement décidait d’un des plus importants revirements du quinquennat en réautorisant provisoirement l’usage des néonicotinoïdes, des insecticides hautement toxiques, pour la production de betterave à sucre. En mars 2021, le Conseil d’État a entériné le retour de ces insecticides en rejetant le recours des associations Agir pour l’environnement, Nature et Progrès et du syndicat agricole la Confédération paysanne. Les organisations espéraient obtenir la suspension de l’arrêté du 5 février 2021, lui-même tiré de la loi du 14 décembre 2020, qui réintroduit provisoirement (jusqu’en 2023 au maximum) l’utilisation de ces produits, pourtant interdits depuis 2018.
En contrepartie, le gouvernement a assuré que tout serait fait pour en sortir définitivement d’ici 2023, notamment grâce à la mise en place d’un « ambitieux » programme de recherche permettant de s’affranchir définitivement de ces insecticides dits « tueurs d’abeilles ». Celui-ci, nommé plan national de recherche et d’innovation (PNRI) a été doté de 7 millions d’euros pour sélectionner des projets en biocontrôle, en agroforesterie, en utilisation de plantes de service, ou encore en tests sérologiques et moléculaires.
Or le comité de pilotage du PNRI, sous tutelle du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, a refusé d’allouer des financements au seul projet dédié à l’étude de la production de betterave à sucre en agriculture biologique. Une obstruction dénoncée par la Fondation Nicolas Hulot, Générations futures, Agir pour l’environnement et la Confédération paysanne, qui siègent au conseil de surveillance des néonicotinoïdes.
330 000 euros, « une somme minime »
Porté par l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab), la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) et sept groupements de producteurs bio, le projet « Bio » envisageait les alternatives « sous l’angle agronomique, dans une approche globale : de la parcelle à la transformation, incluant les questions de durabilité sociale et économique », indique à Reporterre Caroline Faraldo, responsable agriculture et alimentation à la Fondation Nicolas Hulot.
Reporterre s’est procuré la lettre d’intention du projet, transmise au comité de pilotage du PNRI le 22 mars, ainsi que les éléments complémentaires apportés le 14 avril, à la suite des questions du comité. Le projet propose notamment une observation, sur le terrain et de…
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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre