Le ministre de l'Agriculture fait une PAC pour les gros et pas pour le bio

Le torchon brûle entre le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie et les ONG environnementales unies au syndicat agricole la Confédération paysanne. Dans la matinée du vendredi 21 mai, le ministre annonçait lors de la réunion du Conseil supérieur d’orientation les premiers arbitrages concernant les fonds pour la France de la Politique agricole commune (PAC), 9,1 milliards d’euros par an distribués aux agriculteurs français.

Écologistes et paysans réunis dans la Plateforme pour une autre PAC ont dénoncé dans la foulée ces choix sans « aucune ambition », conduisant à « un statu quo irresponsable », alors que la PAC actuelle (les nouvelles règles de la PAC s’appliqueront à partir de 2023) est un « échec total » tant du point de vue du revenu des paysans que de la transition agroécologique. Et pour marquer leur courroux, ils ont quitté tout de go la réunion.

« Il est toujours facile en démocratie de ne pas considérer les contraintes des autres », a sèchement répondu le ministre, irrité par ce départ groupé.

Le désaccord porte d’abord sur la forme. « Ces arbitrages sont le fruit d’une longue période de concertation et d’un débat public », a affirmé le ministre. Il s’est également félicité que la France ait pu éviter une baisse du budget de la PAC au niveau européen. Les ONG dénoncent au contraire un manque criant d’écoute. La Plateforme pour une autre PAC assure avoir demandé à six reprises des rendez-vous avec le ministre. Ils n’ont finalement pu le rencontrer que jeudi 20 mai au soir, soit la veille des annonces. « Nous avons été convoqués le jour même pour une réunion que nous demandions depuis des mois », constate amèrement Marie-Catherine Schultz-Vannaxay, chargée des questions d’agriculture à France Nature Environnement (FNE).

Un gouffre d’incompréhension qui se retrouve sur le fond. Alors que ces organisations demandent une profonde évolution de la PAC, considérée comme injuste parce qu’elle privilégie les grandes surfaces plutôt que l’emploi et est très peu favorable à l’agroécologie, Julien Denormandie a répondu en mettant en avant la stabilité des aides aux revenus des agriculteurs. Un choix fait, explique-t-il, afin que les agriculteurs puissent investir sereinement. Il a donc assuré qu’aucun département ne verra les aides qui y sont distribuées varier de plus de 4 %.

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, le 24 juillet 2020, à Creysse (Lot).

« Encore 30 % des agriculteurs ne reçoivent quasiment…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre