« Le modèle imposé aux paysans est de s'agrandir ou de dégager ! »

350 € de revenu mensuel, voilà ce que déclarent un tiers des agriculteurs français, depuis quelques années. Pour autant, n’allez pas croire que les deux autres tiers « roulent sur l’or » ! En ce début d’année 2022, l’agriculture est en « crise ». Le prix du porc se « casse la gueule », les producteurs de lait bio sont fragilisés par un prix du lait en chute à cause, dit-on, d’une surproduction, c’est un comble ! L’agriculture va mal – très mal. Malheureusement, cette situation n’est pas nouvelle, ne feignons pas d’être surpris ! C’est ainsi depuis 60 ans. L’agriculture évolue en passant d’une crise à une autre. La conséquence, VOULUE, est qu’à chaque crise les plus fragiles disparaissent ; c’est ainsi que les agrandissements se font.

Un plan social qui ne porte pas son nom

Depuis 60 ans, le modèle imposé aux paysans est de s’agrandir ou de dégager ! Et pourtant, c’est bien cette logique d’agrandissement qui prévaut dans nos campagnes depuis l’après-guerre. Dans le Finistère, mon département, il y avait 31 000 fermes laitières en 1970, il en reste moins de 1900 en 2021. Et pour autant la production ne baisse pas, voire augmente. En 2030-2040 il ne pourrait en rester que 300 ! Soit une ferme laitière par commune en moyenne ! Voilà un plan social qui ne porte pas son nom.

De plus, dans cinq ou six ans, 50 % des producteurs laitiers actuels partiront à la retraite et d’autres quitteront la profession… Certes, ces agrandissements ont permis à un certain nombre de paysans de s’extirper de leur misère, mais à quel prix ? Exode rural, souvent subi, faillites, suicides et je n’évoquerai pas le volet environnemental ni celui de l’endettement abyssal que ces agrandissements génèrent. Cette logique a bénéficié d’un prix de l’énergie (pétrole) plutôt faible. Il n’en sera pas toujours ainsi, c’est déjà le cas aujourd’hui. Ce modèle, imposé, mériterait un débat national : Et si l’on s’était trompé d’agriculture ? En tous cas, les paysans, eux, ont été trompés ! C’est une certitude.

Réguler la production, garantir les prix, protéger nos ressources

Au delà de la redéfinition de nos attentes sociétales pour l’agriculture, il y a des solutions simples et peu onéreuses pour sortir du marasme, pour ne pas dire de cet « agricide ». Il faut tout d’abord caler la courbe de la production sur la courbe de la consommation. Cela s’appelle la régulation. Il est totalement nuisible de produire plus que ce que le marché peut…

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Auteur: Pierrick Berthou