Le monde agricole n’a pas encore pris conscience de tous les avantages du numérique

L’agriculture est à la fois responsable et victime du réchauffement climatique. Responsable car elle émet près de 20 % des gaz à effet de serre, lesquels sont composés de méthane, issus notamment de l’élevage, de protoxyde d’azote, issu des épandages d’engrais et de dioxyde de carbone provenant de la consommation d’énergie fossile à la ferme. Victime car le réchauffement climatique entraîne des épisodes météorologiques fatals à certaines exploitations agricoles : gels tardifs pour les vignobles, sécheresses pour les grandes cultures, inondations altérant les sols, etc.

La lutte contre le réchauffement climatique constitue donc un enjeu important pour les agriculteurs : un enjeu économique mais aussi sociétal. Le monde agricole et la société en général doivent donc proposer des solutions pour réduire les gaz à effet de serre issus de l’agriculture. Les outils numériques font partie de cet arsenal de solutions.

Des outils à disposition…

La digitalisation de l’agriculture, ou agriculture « connectée », se présente aujourd’hui sous différentes formes. La plus connue est sans doute la modulation des intrants. Celle-ci consiste à utiliser des matériels connectés qui permettent d’épandre des engrais ou des produits phytosanitaires dans la quantité suffisante, au bon moment et bon endroit.

Plusieurs matériels peuvent être utilisés : des boitiers connectés installés sur les rampes d’épandage, des rampes entièrement connectées ou encore des drones qui repèrent dans les champs les endroits où la plante est en stress hydrique, en perte de croissance ou attaquée par des ravageurs. L’épandage d’intrants se fait ainsi de manière précise, ce qui limite le volume d’intrants sur une parcelle.

D’autres outils sont utilisés par les agriculteurs : des serres connectées qui permettent de connaître la température et l’hydrométrie à l’intérieure des serres, les capteurs de gel, de température extérieure, de chlorophylle de la plante, etc. Tous ces outils permettant de limiter l’émission de certains gaz à effets de serre et notamment du protoxyde d’azote.

… mais une faible digitalisation

Dans une étude récente, nous montrons cependant que, si le numérique est majoritairement perçu comme un moyen d’augmenter la productivité agricole tout en respectant la planète, les outils et pratiques restent relativement peu répandus dans le secteur agricole – encore moins que dans d’autres secteurs avec des entreprises de la même taille. Dans le même temps, les bénéfices perçus de la digitalisation paraissent plus faibles que dans les autres secteurs.

Si ces résultats peuvent sans aucun doute cacher une importante diversité entre les sous-secteurs du monde agricole et les tailles des exploitations, ils interpellent néanmoins.

Les agriculteurs ne perçoivent pas le sens de la digitalisation, comme si on leur racontait des histoires à…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Roland Condor, Titulaire de la chaire « Modèles entrepreneuriaux en agriculture », EM Normandie