Le Monde Diplomatique, février 2023

Pour Serge Halimi, Emmanuel Macron est « un homme contre un peuple » : « Quelques semaines après l’accession de M. Emmanuel Macron à l’Élysée, un de ses partisans, l’actuel président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, résuma la politique économique et sociale qui allait suivre : « Objectivement, les problèmes de ce pays impliquent des solutions favorables aux hauts revenus. » Ces privilégiés prouveraient ensuite leur reconnaissance envers leur bienfaiteur puisque, entre 2017 et 2022, du premier tour d’une élection présidentielle à l’autre, M. Macron vit son score chez les plus riches passer de 34 % à 48 %. Quand la gauche est au pouvoir, elle démontre rarement autant de maestria à satisfaire son électorat…

Le chef de l’État ayant également accru sa popularité auprès des électeurs de plus de 65 ans d’un scrutin présidentiel à l’autre, on mesure la portée du « courage » dont M. Macron se gargarise lorsqu’il cherche à convaincre le pays d’accepter une « réforme » des retraites dont les principales victimes seront les classes populaires, qui ont très majoritairement voté contre lui. Alors que sa remise en cause des conquis sociaux épargnera le capital, tout comme les retraités (même les plus aisés), elle imposera donc deux années de travail supplémentaires aux ouvriers, dont l’espérance de vie en bonne santé est inférieure de dix ans à celle des cadres supérieurs. Pour ceux que le salariat a souvent usés, épuisés, cassés, la ligne d’arrivée recule à nouveau. Le temps du repos, des projets, des engagements choisis sera mangé par le travail obligatoire ou par le chômage. »

Retraites : Annie Ernaux nous demande de relever la tête : « Un grand mouvement social ne se contente jamais de pousser des revendications. Il porte au jour une aspiration collective à changer la vie ; il saisit ses participants et les métamorphose. C’est l’expérience qu’a vécue l’écrivaine Annie Ernaux lors des manifestations de novembre-décembre 1995.

Comme souvent, on n’avait pas vu venir les choses. Jacques Chirac venait de remporter l’élection présidentielle en dénonçant la « fracture sociale ». Il incarnait une droite populaire, du moins soucieuse de son électorat populaire. À la différence du projet pour les retraites du pouvoir actuel, celui de 1995 sur la Sécurité sociale, l’alignement du public sur le privé concernant les pensions, et autres points de réforme, n’avait pas été du tout annoncé,…

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Auteur: Le grand soir