Le Monde Diplomatique (Mai 2023) — Bernard GENSANE

Dans son éditorial, Benoît Bréville nous ramène au XIXe siècle, quand les pauvres avaient honte et faim : « Jadis, on y voyait vertu. Avant d’obtenir pitance, les indigents devaient ressentir l’opprobre de la mendicité. On les obligeait à jouer des coudes devant les œuvres de charité, à patienter dans le froid sous l’œil méprisant des passants. Ainsi, ils chercheraient à s’extraire de leur condition.

Nul ne défend plus cette « pédagogie de la honte (1) », qui connut son heure de gloire au XIXe siècle. Les services sociaux et les organisations caritatives prétendent à présent restaurer l’« autonomie », la « dignité » des démunis, grâce à des épiceries sociales et des supermarchés solidaires qui offrent une apparence de liberté en proposant de choisir entre quelques produits souvent peu ragoûtants. Des applications relient même directement requérants et commerçants, afin d’« éviter à des étudiants ou à des travailleurs pauvres la stigmatisation et la honte qu’ils ressentent à se rendre dans des centres de secours alimentaire » — comme le vantent deux chercheurs qui rêvent de faire advenir une aide « socialement acceptable ».

Laurent Bonelli dénonce la brutalisation de l’ordre manifestant : « À partir du début du XXe siècle, la république a cherché à mieux encadrer les protestations populaires dans la rue en privilégiant l’évitement. Depuis les années 2000, l’approche est plus punitive. La priorité est donnée à l’arrestation des « fauteurs de troubles ». Une évolution qui favorise les violences et pose la question du respect du droit de manifester. »

Pour Evgeny Morozov, la guerre froide ,est 2.0 : « Qui remportera la bataille mondiale des algorithmes et des machines « apprenantes » ? Les États-Unis ou la Chine ? Derrière ces questions se cache une réalité plus prosaïque. Pour nombre d’entreprises de la Silicon Valley, c’est l’occasion de faire…

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Auteur: Bernard GENSANE Le grand soir