Le mouflon, l'animal « pas de chez nous » qui a apprivoisé les Pyrénées

Ce reportage s’inscrit dans notre série La balade du naturaliste : une randonnée à la découverte d’une espèce ou d’un milieu exceptionnel, en compagnie d’une ou d’un passionné.

Axiat (Ariège), reportage

C’est l’histoire d’un animal qui n’était pas du coin. Le mouflon méditerranéen (Ovis gmelini musimon x Ovis sp.), que l’on peut aujourd’hui apercevoir dans différents massifs français (Alpes, Pyrénées, Massif central…), a en fait été introduit dans ces régions durant les années 50. « Ce sont les chasseurs qui l’ont fait, pour pallier le manque de gibier de l’époque », m’explique Julien Canet, photographe naturaliste, pendant que nous randonnons sur les hauteurs de la petite commune d’Axiat, en Ariège.

Nous sommes dans le massif de Tabe, sur le versant nord de la chaîne des Pyrénées françaises. En 1958, une dizaine de mouflons ont été lâchés dans cette région. Ils provenaient de la réserve nationale de chasse de Chambord (Loir-et-Cher). C’était des animaux « hybrides »  : ils étaient notamment originaires de Tchécoslovaquie, où les populations de mouflons étaient constituées à partir d’animaux capturés en Sardaigne, et croisés avec des moutons et des mouflons d’autres origines.

Duo de femelles en automne. © Julien Canet / Reporterre

La zone leur a plu : ils s’y sont rapidement adaptés et reproduits. D’après le bilan de 2021 — effectué là encore par les chasseurs locaux — le massif de Tabe compte aujourd’hui plus de 600 mouflons. En cette belle journée d’octobre, nous partons à leur recherche. « C’est leur période de reproduction, ça devrait être facile de les observer », m’assure Julien Canet.

Tandis que le soleil se lève lentement sur la chaîne de montagnes, nous montons sur un chemin bordé de fougères sèches. La musique du clapotis d’un ruisseau accompagne nos pas. Au bout d’une quinzaine de minutes, nous apercevons des formes mouvantes sur la crête d’une falaise en face de nous. Je saisis des jumelles et distingue un mouflon mâle — un bélier — posté en hauteur. Reconnaissable à ses grosses cornes enroulées sur les côtés, il semble dominer la montagne et surveiller son territoire. Quelques mètres plus bas, perchées sur le flanc de la falaise, trois femelles — des brebis — restent ensemble.

Durant le rut, les mâles surveillent régulièrement leur territoire. © Julien Canet / Reporterre

Nous continuons d’avancer et, au détour d’un virage, nous découvrons d’autres mouflons. Sur un…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion (Reporterre) Reporterre