« Le mouvement écolo doit prendre en charge la question des discriminations »

Cy Lecerf Maulpoix est journaliste, engagé dans les luttes transpédégouines et écologistes. Son livre, Écologies déviantes — Voyage en terres queers, est paru en septembre 2021 aux éditions Cambourakis.

© Gaëlle Matata




Reporterre — Vous vous êtes engagé dans le mouvement climat à l’occasion de la COP21, en 2015. Là, vous avez expérimenté combien le mouvement écologiste restait viriliste et sexiste. Pourquoi est-il difficile d’y militer en tant que personne LGBTQI ?

Cy Lecerf Maulpoix — En 2015, j’ai eu la sensation de revenir dans un placard. Il y avait une survalorisation de la parole et des perspectives qui émanaient des hommes hétéros blancs. Dans les discussions et dans les réflexions, la question du changement climatique était envisagée dans un prisme restreint, qui occultait quasi complètement les vulnérabilités et les problématiques spécifiques de différentes populations – LGBTQI, mais aussi des personnes racisées ou migrantes. Cela s’est très vite avéré insuffisant. J’ai donc rapidement dévié vers un autre groupe « LGBT pour le climat », devenu ensuite Panzy – contraction en anglais de « tapette » et de « pensée », la fleur. Même si cela a eu ses limites au moment de la COP21, puis à la suite de la mise en place de l’état d’urgence, nous cherchions à esquisser d’autres stratégies de mobilisation et d’action pour inclure les LGBTQI au sein d’une lutte contre la destruction du vivant.

Attention cependant, le mouvement écologiste n’est pas un tout uniforme et figé ! En France, même si des formes d’écologies réactionnaires se renforcent, l’articulation de la lutte pour la justice climatique avec différentes luttes sociales infuse lentement certains courants militants, certaines organisations ou des jeunes collectifs, qui se rendent bien compte qu’il nous faut élargir considérablement les perspectives de nos luttes.



Votre ouvrage s’ouvre sur les débats à l’Assemblée nationale autour de l’ouverture de la procréation médicale assistée (PMA) aux lesbiennes, avec cet argument mainte fois répété de la « nature ». Vous parlez à ce propos de « boulet conceptuel pour l’écologie politique ».

Au-delà des argumentaires nauséabonds qui ont encore cours dans les sphères politiques, certaines pensées écologistes en France, de l’écologie intégrale aux courants les plus à gauche de la décroissance ou antitechniciste, affirment une pensée de la nature qui encourage, plus ou moins explicitement, les LGBTQIphobies….

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre