L’un de nos ex-Présidents a disparu… et il ne nous manque rien. Au contraire, la mort de Maradona a creusé un grand vide dans le monde, même chez ceux qui ne connaissent rien au foot. A l’époque où ils jouaient, on comparait Maradona et Pelé : lequel est le plus grand joueur ? Aujourd’hui, il n’y a pas photo, l’Histoire a tranché : face au « roi » Pelé, il y a le « Dieu » Maradona. A quoi tient la dimension unique de Maradona ?
On oppose souvent les dons extraordinaires de Maradona balle au pied à sa calamiteuse conduite privée (alors que Pelé était déjà un champion du politiquement correct, ce qui lui a permis de devenir Ministre des sports au Brésil) : c’est la meilleure façon de ne rien comprendre au phénomène. Aujourd’hui, ses défauts mêmes deviennent des qualités : à l’heure où les sportifs manient la langue de bois comme des politiciens au rabais, où ils n’osent pas dire un mot qui n’ait été préparé et appris par cœur, où ils entonnent tous, pas seulement le si consensuel Thuram, le grand chœur de l’anti-racisme, où on ne peut être un bon joueur si on n’est pas en même temps une dame de charité, l’intempérance verbale, les excès de toute sorte de Maradona deviennent un modèle, et un kit de survie.
Dirty Diego symbolise tout ce qui donne du piment à la vie, et dont, depuis de longues années, le politiquement correct a entrepris de nous spolier. On a commencé par interdire dans les stades les insultes entre supporters, et nous en sommes à voir des stades sans spectateurs, des matchs dont les commentateurs sportifs continuent à nous donner les résultats, feignant de ne pas s’apercevoir qu’on n’a plus là qu’un cadavre de football.
Le Covid19 a accéléré cette évolution mortifère, mais les interdictions et contraintes dont il quadrille nos activités résiduelles ne font que continuer cette opération d’appauvrissement de la vie et de ses plaisirs – dont les rapports humains « présentiels » sont le premier, et le plaisir fondamental, sans lequel il n’y a pas de vrai plaisir. Aujourd’hui, de vagues experts nous déclarent que nous devons réduire…
Auteur: Rosa LLORENS Le grand soir
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