Le pari de deux Bretons : pêcher sans consommer de pétrole

Concarneau (Finistère), reportage

Avec ses 8 mètres de long et ses 4,5 mètres de large, le catamaran (navire à deux coques) de l’association Skravik paraît bien petit dans le hangar des chantiers Kairos de Concarneau, habitué à héberger des grands voiliers de courses au large. Ronan Becam et Tangi Le Bot, les deux salariés de l’association, s’affairent aux derniers préparatifs avant la mise à l’eau du bateau. Il leur aura fallu trois mois pour transformer ce voilier de plaisance d’occasion en prototype de bateau de pêche à la voile. « Nous avons choisi ce catamaran, car il est léger et rustique », explique Ronan. Le voilier sera bientôt prêt pour rejoindre sa destination, un peu plus au nord, à Plougastel-Daoulas, au fond de la rade de Brest.

Cela fait plus d’un an que Tangi Le Bot, docteur en biologie marine — il est l’auteur d’une thèse sur l’interaction entre les oiseaux marins et les pêcheries — coordonne le projet « pour favoriser le retour du travail à la voile ». Il avait envie d’utiliser ses compétences scientifiques pour « répondre à des enjeux de société d’aujourd’hui en ayant un impact local important ». Le projet a pris de l’ampleur après l’attribution d’une subvention de 50 000 euros du Fonds européen pour les affaires maritimes et de la pêche (FEAMP) en février dernier. Tangi a alors contacté Ronan Becam, un ami du lycée à la double casquette — marin pêcheur et professionnel de la voile — pour l’épauler dans son projet : pêcher dans la rade de Brest sans consommer de gasoil (ou presque). « Aujourd’hui, il faut un litre de gasoil pour deux kilos de poissons », dit-il à Reporterre.

Ronan et Tangi ont transformé un voilier de plaisance en catamaran de pêche. © Morgane Lincy-Fercot/Reporterre

L’énergie du vent leur permet de diminuer leur empreinte carbone, et de gagner en autonomie. « Logiquement, la baisse des ressources de pétrole va nuire aux entreprises de pêche, on veut penser l’avenir de la profession. Et puis, notre rythme de travail sera différent et on ne sera plus gêné par le bruit incessant du moteur », ajoute le scientifique. « La dépendance au vent nous pousse à repenser notre métier, précise Ronan, entre deux coups de pinceau sur le safran. La voile va nous obliger à pêcher des plus petits volumes et un poisson de qualité. »

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Auteur: Reporterre