Nous publions en trois parties une étude de Laurent Lévy sur les rapports du PCF avec le marxisme au cours des deux décennies de sa plus grande influence, les années 1960 et 1970, qui sont celles de sa lente « déstalinisation » : comment ce parti, qui se considérait comme étant « le parti de la classe ouvrière » considérait-il la théorie marxiste ? Quelle importance accordait-il à son développement ? Quel contrôle entendait-il exercer sur ce dernier ? Quel rôle a-t-il joué dans sa production ? Quelles étaient dans les différents domaines du marxisme les contributions respectives de la direction et des intellectuel·les militant·es ? Quelle était la place de la théorie dans l’élaboration de la politique du Parti ?
Cette étude conduit à nuancer l’idée suivant laquelle au XXe siècle le « marxisme occidental » se serait développé essentiellement en dehors du mouvement ouvrier. Elle est divisée en trois parties : la place de la culture marxiste et des débats philosophiques ; la théorie marxiste dans le domaine économique ; la place de la théorie dans les réfexions stratégiques du Parti.
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On connaît le lieu commun consistant à dire après Maurice Merleau-Ponty ou dans des termes différents par Perry Anderson que le marxisme, né du mouvement ouvrier, s’en serait plus ou moins émancipé au XXe siècle avec l’émergence d’un marxisme occidental produit par des théoriciens désormais indépendants ou marginalisés dans leurs partis et coupés de la vie militante, une version ossifiée du marxisme classique perdurant dans l’Union Soviétique stalinisée. Cette conception fait bon marché de la persistance de recherches marxistes bien vivantes au sein même des partis communistes, à travers leurs directions et leurs intellectuel·les militant·es. C’est l’exemple du Parti communiste français (PCF) et de ses rapports avec le marxisme qui sera ici étudié.
Il n’est pas…
Auteur: redaction