À bord du «Mick Océane II», un ligneur de 8,50 mètres baptisé ainsi du nom de ses enfants, Claude Herry revient avec sa pêche du jour. Et cela tient dans une caisse : deux dorades royales de 4 kilos chacune. Il a toujours pêché ainsi, à l’hameçon, pour «ne pas vider la mer», explique-t-il. «Ici, on est plus que deux ligneurs, nous aussi, on est en voie de disparition!» résume ironiquement le pêcheur de 50 ans, qui habite dans le hameau de Kerziou à Plougastel-Daoulas (Finistère).
12 h 30, il doit déposer sa pêche à la criée. Ses dorades partiront à 27 euros le kilo. Juste de quoi ne pas perdre sa journée. Ce qui semble être son quotidien est en réalité un nouveau départ, pour celui qui, il y a quelques semaines encore, se sentait «au bout du rouleau» et avait cessé de prendre la mer, noyé sous les pressions de sa banque.
«Dans ce milieu, l’endettement est systémique»
La cause directe de tout cela? Une longue série d’impayés auprès du Crédit maritime qui est allé jusqu’à tenter de saisir la maison du pêcheur. La situation de Claude Herry résume à elle seule beaucoup de travers du monde halieutique. «Ce n’est pas un cas isolé», explique Thibault Josse, directeur de l’association Pleine mer, qui a soutenu le pêcheur dans son bras de fer face à la banque. «Dans ce milieu, l’endettement est systémique. Il détruit socialement et écologiquement car il pousse les pêcheurs à prendre des risques pour eux et la ressource». En effet, les quotas favorisent «ceux qui font du volume».
En France, le nombre de poissons (quota) qu’on a le droit de pêcher dépend… de ce qu’on a pêché les années précédentes. Les jeunes pêcheurs se retrouvent souvent dans la quasi-obligation de faire des prêts importants pour l’achat de navires, et de devoir ensuite pêcher en grande quantité pour rembourser ce prêt. L’association Pleine mer dénonce donc «un système dans lequel les pêcheurs…
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Auteur: Claude Morizur