Le pétrole au cœur de la révolte au Kazakhstan

Moscou (Russie), correspondance

Le limogeage du gouvernement et la baisse des tarifs du gaz de pétrole liquéfié annoncés dès le début de la contestation n’auront pas suffi à calmer la colère. Au Kazakhstan, les manifestations qui ont commencé dimanche 2 janvier pour protester contre la hausse des prix du carburant ont rapidement dégénéré, virant aux émeutes contre le pouvoir.

Jeudi 6 janvier, le bilan des autorités faisait état de dizaines de manifestants tués et plus de 1 000 blessés. Selon les agences de presse russes citant le ministère de l’Intérieur kazakh, au moins 18 membres des forces de sécurité ont été tués et 748 ont été blessés. La police a annoncé avoir arrêté environ 2 300 personnes à Almaty, capitale économique du pays devenue l’épicentre de la contestation.

Bâtiments officiels mis à sac, voitures de police incendiées, magasins pillés, tirs d’armes automatiques… le Kazakhstan vit depuis quelques jours des scènes inédites d’affrontement et de chaos. Jamais depuis son indépendance, cet immense pays d’Asie centrale, ancienne république soviétique au régime très autoritaire, n’avait connu une telle poussée de violence.

« Le vieillard dehors ! »

Si le pouvoir kazakh dénonce une attaque par des groupes « terroristes » ayant « reçu un entraînement approfondi à l’étranger », c’est bien la hausse du prix du gaz « carburant » qui semble avoir déclenché les premières manifestations. Celles-ci ont débuté le 2 janvier dans la ville de Janaozen avant de s’étendre à la capitale régionale Aktau puis à Almaty, principale ville du pays de 1,77 million d’habitants.

En quelques jours, le prix du litre de gaz de pétrole liquéfié (GPL) avait doublé pour atteindre 120 tenges (0,24 €), conséquence de la libéralisation du marché et de la suppression du plafond du prix du GPL. Or, ce carburant est très utilisé dans l’ouest du pays, d’où est parti le mouvement social et qui est la principale zone d’exploitation pétrolière du pays. Une hausse très mal perçue par les habitants : si le Kazakhstan est riche en pétrole et en gaz, le salaire mensuel moyen est d’un peu plus de 500 euros.

Chercheur au Centre Russie/Nouveaux États indépendants de l’Institut français des relations internationales (Ifri), Michaël Levystone, auteur de Russie et Asie centrale à la croisée des chemins (L’Harmattan, mai 2021), fait un parallèle avec le mouvement des Gilets jaunes lancé en France en 2018 : « La hausse des prix du gaz a servi…

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Auteur: Estelle Levresse Reporterre