Le principe de fraternité en procès à Grenoble

Grenoble (Isère), reportage

Accolades chaleureuses et messages de soutien attendaient les sept prévenus à leur arrivée au palais de justice de Grenoble. Autour de leurs familles et de leurs amis, entre 200 et 300 personnes avaient fait le déplacement pour les soutenir. Un rituel désormais, à chaque procès intenté à l’encontre des militants solidaires avec les personnes exilées dans les Hautes-Alpes.

En décembre 2018, les Suisses Théo Buckmaster et Bastien Stauffer, ainsi que les Français Benoît Ducos, Lisa Malapert et l’Italienne Eleonora Laterza avaient été condamnés en première instance à six mois de prison avec sursis. Les deux autres prévenus, Mathieu Burellier et Jean-Luc Jalmain, avaient été sanctionnés d’une peine de douze mois de prison, dont quatre mois ferme. Tous ont été reconnus coupables « d’aide à l’entrée irrégulière » d’étrangers sur le territoire français.

Plus de deux ans après, ils ont de nouveau dû raconter à la barre leur participation à une manifestation organisée le 22 avril 2018 en réaction à la venue du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire, dissous depuis. Selon le parquet, cette marche aurait permis l’entrée sur le territoire français de personnes en situation irrégulière.

Rassemblement et prises de parole en soutien aux « sept de Briançon » devant la cour d’appel de Grenoble, le 27 mai 2021.

Âgés de 25 à 55 ans, les sept, ou plutôt les six — Eleonora Laterza n’ayant pas assisté au procès — se sont remémoré en détail cette journée de 2018, au cours de laquelle près de 150 personnes s’étaient mobilisées pour exprimer leur indignation face à la chasse aux migrants orchestrée par le groupuscule. Un à un, ils sont revenus sur le contexte et le « climat de peur » qui régnait dans le Briançonnais à leur arrivée. « Quand on a appris que les Identitaires organisaient une action, on a immédiatement eu peur qu’ils s’en prennent aux exilés. Nous avons barricadé les portes et les fenêtres des lieux d’accueil », a raconté Mathieu Burellier.

Lisa Malapert, charpentière de 25 ans, a affirmé avoir ressenti de la colère face à l’inaction de l’État. Benoît Ducos, lui, a dit avoir été inquiet en constatant qu’aucune force de police n’avait été déployée pour assurer la sécurité des exilés.

Les « sept de Briançon » sont devenus le symbole de l’aide humanitaire envers les réfugiés.

Les limites françaises du principe de fraternité

Tout au long du procès, la cour et…

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Auteur: Estelle Pereira Reporterre