Le problème avec le féminisme hétérosexuel

Le texte qui suit revient sur la parution de Moi les hommes je les déteste de Pauline Harmange (qu’il critique) et Le génie Lesbien d’Alice Coffin (qu’il défend), afin de promouvoir un féminisme lesbien contre un féminisme hétérosexuel. Raisonner avec les catégories d’hommes, de femmes, d’hétéros et de lesbiennes peut mener dans des impasses : la politique ne devrait pas se fonder sur des identités, pour au moins deux raisons. D’une part, elles sont souvent le fruit d’une construction par le pouvoir. À l’inverse, c’est parfois aussi pour obtenir de la visibilité et de la reconnaissance que certains jouent aux jeux des identités, qui s’apparente alors à la grande foire libérale où chacun peut choisir ses préférences au supermarché des catégories. Dans les deux cas, c’est le même problème : la recherche d’une pacification sociale toujours douteuse et le renforcement de l’individu souverain sur ce qu’il est, se définissant par une somme de caractères qui lui conviennent. D’autre part, l’analyse politique en termes d’identité fige le réel en des termes qui nous paraissent le plus souvent inappropriés et semble parfois reconduire ces identités plutôt que les subvertir. Surtout, elle peut mener à une régression vers une politique « de milieu », qui ne parle plus qu’à elle-même et finit par se regarder le nombril. Dans ce texte, par exemple, l’usage d’un vocabulaire spécifique (« cishet », hétéras) constitue en soi une barrière à la réappropriation plus large du propos.
Cependant, s’il est question d’identités ici, ce que l’auteure revendique est avant tout une pratique (le lesbianisme). Sans doute est-il difficile d’éviter la cristallisation d’une pratique dans une identité (les lesbiennes) mais celle-ci peut avoir l’avantage de ne pas chercher la reconnaissance…

Auteur: lundimatin
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